La Génération 101 : Les nouveaux Québécois
Cinéma

La Génération 101 : Les nouveaux Québécois

La Génération 101, de Claude Godbout, aborde la question très d’actualité de l’intégration des immigrants.

Alors que depuis plus d’un an, les médias et les politiciens se font souvent alarmistes par rapport à la question de l’immigration, un documentaire comme La Génération 101 est plutôt rafraîchissant. Bien que certaines inquiétudes soient soulevées dans le film, l’impression dominante qui s’en dégage est que, particulièrement en ce qui a trait aux plus jeunes qui ont fait leurs études en français dans la foulée de la loi 101, la société québécoise se voit plus souvent qu’autrement enrichie par la présence des immigrants.

Le réalisateur Claude Godbout n’aurait pas pu prévoir que La Génération 101 s’avèrerait autant d’actualité, lui qui y travaillait déjà avant que ne débute la crise des accommodements raisonnables. "J’ai commencé à m’y intéresser en 2004, se rappelle-t-il, en voyant une table ronde à l’émission de Marie-France Bazzo avec des enfants de la loi 101, dont quelques-unes des personnes qui sont dans le film. Moi, c’est ça que je voulais vérifier: après 30 ans de loi 101, jusqu’à quel point réussit-on l’intégration des immigrants? Ils apprennent le français, mais est-ce qu’ils s’intègrent vraiment à la société québécoise?"

Pour y voir plus clair, Godbout s’est d’abord rendu dans les écoles à la rencontre d’enfants nouvellement arrivés au pays, qui n’ont souvent pas la moindre notion de français. Il est ensuite allé voir du côté d’une classe de cinquième secondaire, à l’occasion d’un débat entre des enfants d’immigrants se considérant intégrés et d’autres étant convaincus qu’ils ne le seraient jamais. Malgré leurs divergences d’opinion, un fait demeure: tous ces jeunes Asiatiques, Noirs, Arabes et Latinos argumentent en français, souvent même avec un accent québécois!

"La loi 101 a fait un travail extraordinaire, estime Godbout, c’est une loi de visionnaire. Les gens qui l’ont pensée cernaient le problème de la dénatalité et le fait que les immigrants se collaient à la majorité anglophone, puis ils ont agi. Par conséquent, depuis les 30 dernières années, les gens se sont éduqués en français. Maintenant, il faudrait vraiment passer au volet intégration. Si on demande aux gens d’apprendre le français, ce n’est pas juste pour pouvoir converser au coin de la rue, il faut aller plus loin que ça… On les oblige à étudier en français, il faut le faire, mais si on ne leur donne pas de vraies opportunités, si on ne leur offre pas de travail en français, petit à petit, ils vont l’abandonner. Ces jeunes-là pourraient éventuellement perdre l’attrait du français."

Bref, les accomplissements de la loi 101 sont bien réels, mais aussi très fragiles. Le documentaire de Godbout démontre néanmoins que tous les espoirs sont permis, notamment en nous présentant des jeunes adultes d’origines diverses qui ont décidé de s’impliquer politiquement dans leur société d’accueil, tel Farouk Karim, qui a été candidat péquiste dans le comté d’Outremont lors des élections partielles de 2005, ou Ruba Ghazal, qui s’est présentée dans Laurier-Dorion, en 2007, sous la bannière Québec solidaire. Peut-on imaginer de meilleurs exemples d’intégration?

À voir si vous aimez /
La Classe de madame Lise de Sylvie Groulx, Histoire d’être humain de Denys Desjardins

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LA GÉNÉRATION 101

La question de l’intégration des immigrants est évidemment très complexe, mais ce documentaire en offre un survol éclairé, où les expériences individuelles des intervenants sont habilement recontextualisées dans un cadre plus large. Se penchant tour à tour sur le cas d’enfants nouvellement arrivés au Québec, d’adolescents ayant été éduqués en français et de jeunes adultes qui participent activement au développement de leur société d’accueil, le réalisateur Claude Godbout démontre que bien que tout ne soit pas parfait, la loi 101 a néanmoins contribué à réduire le fossé entre les immigrants et les Québécois dits "de souche" qui, même s’ils ne partagent pas le même passé, sont appelés à travailler ensemble à bâtir un avenir commun. (K.L.)