Lymelife : Secrets de banlieue
Cinéma

Lymelife : Secrets de banlieue

Lymelife, premier film de Derick Martini, met en scène deux familles de la banlieue américaine à la fin des années 1970.

Elle a le dos bien large, la banlieue américaine. Derrière ses aspects lisses, proprets et confortables se cachent secrets de famille, mensonges, trahisons, tragédies et névroses. Si ces revers du rêve américain ont inspiré avec bonheur certains cinéastes – pensons à Ang Lee (The Ice Storm), à Sam Mendes (American Beauty) et à Todd Field (Little Children) -, dans le cas présent, les muses n’étaient pas au rendez-vous.

Bien que Martin Scorsese apparaisse au générique comme producteur exécutif et que les frères Derick et Steven Martini, vus dans Goat on Fire and Smiling Fish qu’ils ont écrit pour Kevin Jordan, aient développé le scénario de Lymelife au Filmmakers Lab de Sundance, le résultat, qui possède néanmoins le charme d’une production indépendante où l’imagination et la débrouillardise compensent le manque de budget, est contaminé par la morosité qui s’en dégage.

Campé à Long Island, en 1979, peu avant la récession, Lymelife s’attache aux destins de deux familles. D’un côté, il y a les Bartlett, où Scott (Rory Culkin), 15 ans, voit sa mère (Jill Hennessy) et son agent immobilier de père (Alec Baldwin) s’éloigner l’un de l’autre, et où l’aîné (Kieran Culkin) se prépare à partir pour les Malouines (pour mémoire, la guerre a éclaté en 1982…). De l’autre côté, on retrouve les Bragg, dont le père chômeur (Timothy Hutton) souffre de la maladie de Lyme et la mère (Cynthia Nixon), excédée, se tape son patron, qui est nul autre que le père de Scott, qui, lui, en pince pour la fille Bragg (Emma Roberts), son amie d’enfance, qui préfère les garçons plus mûrs.

Se collant surtout aux baskets de Scott, ado victime d’intimidation bien défendu par le benjamin de la prolifique famille Culkin, au diapason avec le reste de la distribution, Lymelife avance dans un état d’engourdissement, dévoilant un à un les drames de chacun, lesquels se devinaient pourtant dès que Martini eut mis les pièces du jeu en place. Au final, ce premier long métrage aux ambitions modestes se révèle une peinture assez peu captivante de la société américaine. Et le procès que font les frères Martini à celle-ci nous paraît bien inutile.

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