The Limits of Control : Hors piste
Cinéma

The Limits of Control : Hors piste

Le cinéaste américain Jim Jarmusch est de retour après quatre années d’absence avec son nouveau film, The Limits of Control.

Un nouveau film de Jim Jarmusch, tout comme un nouveau film de Wim Wenders, Gus Van Sant ou Martin Scorsese, est, à tout coup, un événement cinéphilique d’importance. Les cinéastes de ce type ayant l’habitude d’user davantage du potentiel de leur moyen d’expression que la très grande majorité de leurs confrères, les retrouver à une nouvelle étape de leur cheminement artistique est toujours un privilège. Mais là où se trouvent de grandes attentes se retrouve aussi le risque de grandes déceptions. The Limits of Control est, tristement, l’une de ces grandes déceptions.

Un homme mystérieux et solitaire (Isaach De Bankolé) s’est engagé sur une piste incertaine habitée par un contingent hétéroclite de personnages fantômes, et qui semble le mener vers quelque chose ou quelque part, pour y accomplir une chose ou deux, peut-être plus, peut-être moins. Ou peut-être encore, si cela importe réellement, que cette déambulation au coeur de l’Espagne n’est qu’un prétexte pour un voyage autrement plus important qui se déroulerait ailleurs, dans la conscience de notre homme sans nom. Peut-être.

Les mystères qui composent le processus de la création artistique sont nombreux et multiformes, et même si l’on a l’impression aiguë que Jarmusch a cette fois été surpassé de toutes parts par la démarche qu’il s’était imposée dans ce nouveau film – supprimer un maximum de dialogues, limiter à leur plus simple expression les découpages techniques de ses scènes, faire d’un scénario de vingt-cinq pages un long-métrage de deux heures… -, on ne peut que respecter l’audace de l’artiste, qui tente de toutes ses forces de pousser plus avant sa réflexion cinématographique.

Il est cependant regrettable que cette réflexion prenne le pas sur tout le reste et que le film se refuse, de façon quasi religieuse, à tout plaisir. Jarmusch étant Jarmusch, de grands éclairs de génie frappent bien à certains moments notre imaginaire, mais ceux-ci sont systématiquement castrés dès lors qu’ils éclatent, pour être immédiatement remplacés par des scènes banales, qui se veulent le leitmotiv métaphorique de l’état psychologique de notre homme solitaire. Certes, l’objectif est atteint, l’antisuspense est effectivement mis en images, mais à quel prix, sinon celui d’offrir un film répétitif et sans teneur, qui se résume à ce mot: ennuyant.

À voir si vous aimez /
Ghost Dog de Jim Jarmusch, Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, 3-Iron de Kim Ki-duk