A Dangerous Method : La faute à Freud
Cinéma

A Dangerous Method : La faute à Freud

Après A History of Violence et Eastern Promises, David Cronenberg dirige à nouveau Viggo Mortensen, qui incarne dans A Dangerous Method l’un des plus célèbres pionniers de la psychanalyse.

Il y a 17 ans, Christopher Hampton (Dangerous Liaisons, Atonement) s’est inspiré du livre de John Kerr, A Most Dangerous Method, afin d’écrire un scénario intitulé Sabina pour Julia Roberts à propos d’une psychanalyste méconnue, à qui Freud consacra quelques notes en bas de page sur la pulsion de mort. Le film n’ayant jamais vu le jour, Hampton transforma le scénario en pièce de théâtre, The Talking Cure. Ralph Fiennes, qui y interprétait Jung, en glissa un mot à David Cronenberg lors du tournage de Spider.

"Inconsciemment ou non, pour reprendre un concept freudien, racontait le cinéaste au Festival international du film de Toronto, j’ai compris que j’avais toujours rêvé de faire quelque chose sur Freud et la psychanalyse, mais que je n’avais jamais eu la structure pour le faire jusqu’à ce que je découvre ce beau ménage à trois intellectuel."

Sabina Spielrein (Keira Knightley), Carl Gustav Jung (Michael Fassbender) et Sigmund Freud (Viggo Mortensen) forment ce ménage à trois: "J’avais une idée préconçue de Freud, celle d’un vieillard barbu, et je trouvais poussée l’idée de le jouer. Je savais qu’il avait des yeux bruns perçants, et grâce au génie de Stéphane Dupuis, nous avons réussi à obtenir une ressemblance. Sa personnalité me donnait plus de soucis; je le voyais comme quelqu’un de formel, de rigide. Plus j’ai appris sur lui, plus je me suis rendu compte qu’il ressemblait à David, qu’il était très pince-sans-rire, flegmatique."

Cronenberg renchérit: "Dans le film, Freud est dans la cinquantaine, au sommet de sa carrière, on le décrivait comme beau, viril, charismatique, brillant et drôle. Afin de pouvoir créer ce mouvement psychanalytique dans une société conservatrice et antisémite, il fallait qui soit puissant, convaincant et séduisant."

À écouter Mortensen et Cronenberg louer ainsi Freud, force est de leur rappeler Le crépuscule d’une idole où Michel Onfray déboulonne la statue du célèbre Viennois: "Onfray est très intelligent, avoue l’acteur, mais il expose plusieurs choses hors de leur contexte et plein de conjectures qui n’ont pas été prouvées pour en faire un cas. Je trouve donc le livre très imparfait et je trouve qu’il le traite injustement."

Mortensen poursuit: "Ça me fait penser au hockey: d’un côté, les fans de Boston, de l’autre, du Canadien. En psychanalyse, il y a les jungiens et les freudiens. C’est incroyable, toute cette haine! Beaucoup de cela vient de l’idée révolutionnaire d’aider les gens en leur permettant de confier leurs plus sombres secrets sans craindre d’être jugés. Freud et Jung n’étaient pas si éloignés; ce qui les différencie, ce sont leur personnalité, leur éducation, leur milieu."

"J’ai lu Why Freud Was Wrong de Richard Webster, un très bon livre traitant de la difficulté d’appliquer la méthode scientifique à la psychanalyse. Un ami socio-psychanalyste m’a expliqué qu’avec l’imagerie par résonance magnétique (IRM) du cerveau humain, il a été prouvé que ce que croyait Freud est vrai. Il y a des activités cérébrales que l’on croit être des pensées, mais auxquelles la conscience n’a pas accès; on les appelle idées non conscientes par opposition aux idées inconscientes. Freud avait donc raison!" conclut Cronenberg.

En salle le 13 janvier