Rencontres internationales du documentaire de Montréal : Encore de belles prises
Cinéma

Rencontres internationales du documentaire de Montréal : Encore de belles prises

Les 15es Rencontres internationales du documentaire de Montréal flirtent avec le genre jusqu’au 18 novembre. Nos suggestions.

Le dernier cabaret

de Catherine Proulx

Si Paris a son Crazy Horse et son Moulin Rouge, pourquoi Montréal n’aurait-elle pas droit à son Café Cléopâtre? Avec sa caméra complice et respectueuse, la réalisatrice d’Un trou dans le temps nous emmène dans les coulisses du second étage du dernier bastion du Red Light où effeuilleuses burlesques, dames de la nuit et autres filles spirituelles de la regrettée Guilda livrent avec bonne humeur leurs souvenirs et secrets du métier. Un plaidoyer touchant, coloré et festif pour la survie d’une institution en péril. (15 et 17 nov.; présenté avec Mari)

Mari

de Sofiane Belaid et Ulysse del Drago

Née dans un corps d’homme, rejetée par ses parents, agressée sexuellement par ses amants, charcutée par des médecins, Mari, belle Cubaine aux joues balafrées, raconte ses malheurs et ses espoirs sans détour. Alors que sa douce voix se fait entendre, défilent de jolies images contemplatives illustrant poétiquement son quotidien. Douloureusement beau. (15 et 17 nov.; présenté avec Le dernier cabaret)

Leviathan

de Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel

Tourné à l’aide d’une douzaine de caméras numériques, ce documentaire expérimental offre une visite d’un bateau de pêche industrielle qui évoque autant le cinéma d’horreur que l’art moderne. Ainsi, dans certaines scènes nocturnes, les vols d’oiseaux au-dessus de la mer renvoient à Hitchcock aussi bien qu’à Escher. Avec ses couleurs sursaturées, où domine le rouge sang, le bruit assourdissant des vagues et de la salle des machines, Leviathan s’avère une expérience audiovisuelle d’un lyrisme cauchemardesque. Il faudra toutefois s’armer de patience et avoir le coeur bien accroché pour survivre à cette croisière pour le moins singulière. (15 et 17 nov.)

Room 237

de Rodney Ascher

Bénéficiant d’un époustouflant et génial montage d’extraits de films de Stanley Kubrick, de même que des Démons de Bava, Room 237 présente en neuf chapitres les interprétations aussi farfelues que captivantes de cinéphiles obsessionnels de ce qu’a voulu réellement signifier le grand cinéaste en tournant The Shining, d’après le roman de Stephen King. À défaut de convaincre, les explications fournies par les spécialistes, exemples à l’appui, divertissent grandement. Un must pour les admirateurs de Kubrick, qui leur donnera le goût de revoir son oeuvre intégrale. (16 et 17 nov.)

Le Khmer rouge et le non-violent

de Bernard Mangiante

Apôtre de la désobéissance civile non violente telle que la prônait Gandhi, l’avocat François Roux est devenu, le temps d’un procès, l’avocat de la terreur, à la manière de son compatriote Jacques Vergès, en se portant à la défense d’un bourreau. Secondé par un confrère cambodgien, Roux s’est entretenu pendant plus d’un an et demi avec Duch, ex-dirigeant khmer rouge responsable de la mort de 14 000 personnes à la prison S21 sous le régime de Pol Pot. Alternant les spectaculaires scènes de procès et les glaçants tête-à-tête entre l’avocat et le monstre aux airs inoffensifs, ce documentaire aux étonnants rebondissements se regarde avec autant de passion et de fascination qu’un film de fiction. (16 et 18 nov.)

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