Vues d'Afrique / Rachel, la star aux pieds nus : Je reviens chez nous
Cinéma

Vues d’Afrique / Rachel, la star aux pieds nus : Je reviens chez nous

Dans Rachel, la star aux pieds nus, Hélène Magny et Pierre Migneault suivent la jeune vedette de Rebelle de Kim Nguyen, Rachel Mwanza, dans les rues de Kinshasa.

« J’aimerais mieux mourir plutôt que de retourner à la rue », confie Rachel Mwanza, au bord des larmes, à Hélène Magny. Portrait tendre et bouleversant de l’ex-enfant de la rue ayant conquis le monde entier grâce à son interprétation d’une enfant-soldat dans Rebelle de Kim Nguyen, Rachel, la star aux pieds nus de Hélène Magny et Pierre Migneault rend compte du difficile retour de celle-ci à la réalité. Ainsi, comment ne pas avoir le cœur serré de voir cette jeune fille arpenter de nouveau les rues de Kinshasa en compagnie de la contrebandière de whisky qui lui a sauvé la vie, après que sa grand-mère l’ait jetée à la rue, pendant que de violents gangs de rue rôdent dans les environs?

L’image est d’autant plus troublante et cruelle qu’elle suit celles où l’on voit Rachel, resplendissante dans ses robes de gala, recevoir des prix d’interprétation à la Berlinale, aux Génie et aux Jutra. Toutefois, Magny et Migneault ne mettent pas l’accent sur les conditions de vie de la jeune actrice, qui a connu le confort nord-américain, préférant mettre en lumière sa force de caractère. Car Rachel Mwanza est une battante. Certes, à l’entendre dire qu’un jour elle sera une star de cinéma, on pourrait l’accuser de rêver en couleurs. Cependant, ce serait négliger tout le chemin parcouru par cette adolescente de 16 ans qui a vécu dans la rue de 9 à 14 ans avant d’incarner Komona dans Rebelle : « Dans les scènes où je dois pleurer, je pense à ma vie », lance-t-elle de sa voix douce.

Vivant dans une modeste famille d’accueil, Rachel veille au bien-être de son petit frère, qui habite chez leur grand-mère. Analphabète au moment du tournage de Rebelle, elle sait maintenant lire et écrire. « Ma vie change… », dit-elle, pleine d’espoir. Ayant foi en sa bonne étoile, Rachel Mwanza sait toutefois que l’avenir n’est pas rose. Malgré l’empathie et la compassion qui émanent de Rachel, la star aux pieds nus, force est d’admettre que le film, qu’on aurait souhaité plus approfondi, choque et inquiète par endroits. De fait, Magny et Migneault ont beau faire de Rachel Mwanza une figure inspirante pour les enfants de la rue, on ne peut que se sentir impuissant et craindre le pire pour elle après que la caméra se soit arrêtée.

À Vues d’Afrique les 3 et 4 mai à la Cinémathèque québécoise.

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