Electro Chaabi : Une révolution en surface
Festival du nouveau cinéma 2014

Electro Chaabi : Une révolution en surface

Electro Chaabi trace un portrait malheureusement superficiel du mahragan, un courant musical égyptien contestataire récent. 

Genre à la croisée du folklore traditionnel égyptien, du rap américain engagé et de l’électro, le mahragan (également surnommé electro chaabi) se tramait dans les ghettos du pays avant de finalement rejoindre un pan plus large de la population pendant la révolution égyptienne de 2011. En marge du discours social et religieux instauré, le mahragan est pour cette jeunesse un porte-voix bon marché (moyens obligent, les pièces sont créées sur des ordinateurs et instruments de fortune alors que l’art de la production est appris via des tutoriels glanés sur YouTube), mais aussi inspirant qu’efficace. Bref, le mahragan est à l’image de ce que le punk rock et le rap, pour ne citer que ceux-là, auront été aux adolescents européens et nord-américains au cours des dernières décennies.

La journaliste et réalisatrice Hind Meddeb aborde donc le style musical en compagnie de quelques-uns de ses artisans dans Electro Chaabi, une œuvre qui — malheureusement — s’apparente davantage à un reportage télé qu’à un documentaire cinématographique.

Au-delà de la technique au service du projet (le montage et la direction photo, par exemple, sont basiques), les interventions demeurent également en surface. Bien qu’il soit un rappeur et un interviewé incroyablement charismatique, le MC Sadat semble davantage considérer Electro Chaabi comme un tremplin international pour sa carrière; s’épanchant sur des inepties clichées plutôt que sur des observations vraiment songées sur sa musique. Précisons toutefois que les entrevues de Meddeb ne sont pas trop corsées. Lorsque ce même Sadat se lancera dans une généralisation frisant le sexisme, on passera tout simplement à un autre plan sans le confronter, voire l’inviter à s’expliquer.

Les scènes de soirées mahragan, par contre, s’avèrent particulièrement captivantes. L’espace public des ghettos est transformé en carnaval, voire en décor pour un vidéoclip tant les participants dansant et les artistes se donnent à fond. Happenings suivant parfois des mariages (oui, oui), ces fêtes de quartiers ont carrément l’air de raves! C’est les moments les plus épatants du documentaire… tant le reste est sage et convenu.

Outre un dénouement aussi grinçant qu’inattendu — où on s’intéresse à la récupération commerciale du mouvement —, on se retrouve avec davantage de questions que de réponses concernant ce genre tant ses filiations demeurent en filigrane. Bien qu’on dit la jeunesse égyptienne plus libérée depuis la révolution, quelle est la place des femmes — quasi absentes du documentaire, d’ailleurs! — au sein de la communauté mahragan? Comment le style musical et les événements découlant du 25 janvier 2011 s’influençaient-ils, en fait? Meddeb aborde ces points cruciaux de façon superficielle — lorsqu’elle ne les balaie pas carrément du revers de la main — au profit de superlatifs maintes fois entendus ailleurs. Dommage.

Le 9 octobre à 15h15 et le 11 octobre à 17h15 au Cinéma du parc dans le cadre du Festival du nouveau cinéma.