Coup de cœur francophone
Mon voyage au Canada (pas celui de Mononc' Serge)
Coup de cœur francophone

Mon voyage au Canada (pas celui de Mononc’ Serge)

Sur la route de Coup de coeur francophone. Winnipeg, Regina et Toronto.

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C’était dans l’annonce. Faut toujours croire les annonces.

Dans l’annonce de l’emploi j’veux dire. Quand j’ai accepté de chroniquer pour Coup de cœur francophone, je savais que je serais appelé à « suivre la tournée Coup de cœur dans 3 villes canadiennes ».  Parce que le festival est présent d’un océan (l’Atlantique) à l’autre (le Pacifique) à l’autre (l’Arctique) et présente à travers son réseau; des spectacles partout (presque) dans le plusse beau pays du monde.

C’est maintenant que ça se passe.  J’ai longtemps rêvé aux trois villes que je choisirais (la liste complète de la programmation est ici).  Je prendrais Vancouver (parce que je ne suis jamais allé), Innuvik (parce que je ne sais pas comment j’aurais pu y aller) et Memramcook (parce que j’imagine que c’est ma seule chance d’y aller).

-Tu vas à Winnipeg, Regina et Toronto.

Ok, ouin.  J’hésitais entre ça et un tout inclus dans le sud, j’imagine que ça se vaut bien.

C’est donc là que ça se passe.  Je vais tâter le pouls (et plus si affinité) de ces trois villes, en suivant la tournée Coup de cœur mettant en vedette Louis-Jean Cormier et Anique Granger.  Comme si j’étais dans le band.  Sans les groupies. Je ne vous mentirai pas, le webreportage n’attire que très peu les groupies.

Comme le Lonely Planet du Coup de cœur francophone n’existe pas (encore), j’ai pris contact avec ceux qui se chargent de gérer les patentes à destination, pour voir c’était quoi le festival chez-eux, pour savoir à quoi m’attendre, pour voir à quoi eux s’attendaient, et tant qu’à être rendu là, vous êtes aussi ben de regarder ça vous aussi.

 

The Peg

Premier arrêt; Winnipeg.  C’est Hélène Molin-Gautron qui coordonne et m’explique le tout.

Des villes visités, Winnipeg est la seule qui peut compter sur une concentration francophone, un petit château fort dans le quartier de Saint-Boniface.  Mais ce n’est pas nécessairement un avantage, puisque comme partout ailleurs, le dollar-loisir a la vie dure : « Les gens vont payer pour aller voir les Jets ou le football sans se poser de questions, mais leur demander 15 dollars pour un spectacle, c’est comme leur arracher une dent! »

Les Winnipegois n’ont pas l’air d’haïr ça se faire arracher des dents parce qu’ils reviennent année après année depuis près de 20 ans : « On tente toujours de plaire au public, mais savoir ce qu’il veut vraiment, c’est une autre chose.  On regarde ce qui est tendance, ce qui est bon.  Avant tout, c’est l’audace. La raison d’être de CCF c’est de promouvoir et diffuser la chanson francophone et pour moi, c’est aussi de faire découvrir des artistes.  L’excellence artistique est aussi très importante. »

L’excellence artistique oui, mais ce qui semble le plus faire entrer de monde dans les salles, c’est l’amour des classiques et le support des troupiers locaux : « Le dernier spectacle où j’ai fait salle comble, c’est quand j’ai présenté Daniel Lavoie. Je pourrais présenter Daniel Lavoie tous les ans et j’aurais une salle comble (NDLR Louis-Jean et Anique feront salle comble).  Mais j’essaie de faire comprendre aux gens que quand il venait voir Daniel au début, il n’était pas connu… Il y a peut-être d’autres Daniel Lavoie dans les artistes que je programme.  J’ai vu Lisa Leblanc quand elle avait 16 et je me suis dit qu’elle allait faire carrière, mais que je ne voulais pas la présenter tout de suite parce que mon public n’était pas encore prêt. En même temps, je connais mon public et si j’avais voulu la présenter le jour où je l’ai découvert, je me serais mis une balle dans le pied.  Il fallait laisser le temps de la voir à la télé, de connaitre son nom. »

Hélène prépare sa programmation de façon très studieuse et jusqu’à présent, elle affirme que les échos qu’elle a reçu ont toujours été positifs: « Des fois, je présente des artistes locaux que tout le monde aime, avec un artiste émergent. Et les gens viennent me dire que c’est l’artiste émergent qu’ils ont le plus apprécié! Ben oui, c’est pour ça qu’il faut que tu viennes!  On aimerait que les gens nous fasses assez confiance et qu’ils viennent découvrir avec nous. »

 

Regina

Deuxième arrêt, je vais débarquer en pleine Riders Nation. De Rough Riders. L’équipe de football de la Saskatchewan.  Qui se trouve à avoir gagné la coupe Grey, symbole de la suprématie footballistique canadienne, dimanche dernier. J’arrive un peu en retard pour le défilé des Champions par contre. Dommage.

Assez parlé de football.  À la brutalité sportive, j’ai choisi la finesse de la chanson.  C’est une bonne chose parce que les stades de football n’ont aucun problème à se remplir. Le football, ça s’écoute bilingue, mais c’est moins simple d’attirer des anglophones au spectacle Coup de cœur : « C’est difficiles d’attirer les anglophones, parce qu’il y en a beaucoup qui ne savent même pas que la communauté francophone existe! C’est dur de faire la promotion pour eux, de leur dire Hey!  Oui, ça se passe en français, mais c’est pour vous aussi! .  Aussi, plusieurs francophiles ne s’identifient pas comme « francophones » alors ils ne savent pas s’ils sont bienvenus.»

Entre les guillemets, c’est Andrea Denis, qui est responsable du Réseau de diffusion de spectacles de la Saskatchewan, qui parle.  Et même si les francophiles ne sont pas certains d’être bienvenus, ils le sont! Les Fransaskois sont ouverts et inclusifs selon Andrea.

Ici, c’est vers les francophiles qu’on veut aller, parce que la population francophone de la Saskatchewan n’est que de 2% (environ 20 000 personnes), mais de plus en plus de gens vont dans des écoles d’immersion.  Donc bien qu’officiellement le nombre de francophone varie peu, plus de gens parlent français.

Ce qui m’a peut-être le plus surpris de la conversation avec Andréa, c’est la spécificité de son public : « En Saskatchewan, les spectacles qui fonctionnent très bien sont ceux où on peut danser! »

Mmmmm. Je ne suis pas un super danseur, ça va être complexe de me fondre dans la foule.  Mais comme j’aurai déjà vu le spectacle la veille, je pourrais surprendre le public avec mes enchaînements de mouvements complexes et précis, qui s’agencent parfaitement aux chansons.  La Saskatchewan n’est pas prête pour moi.

 

T.O.

Dernier arrêt pour moi, mais Louis-Jean et Anique ont encore des kilomètres à manger, parce que Sudbury et Hearst sont encore sur leur map. Hearst, c’est pas la porte à côté, à moins que vous soyez à Kapuskasing, mais même là, c’est une bonne heure.  À moins que vous dépassiez nettement les limites de vitesse, mais ça on vous le déconseille.

C’est Sophie Bernier qui nous fait faire tour au téléphone.  Toronto, c’est un gros marché, avec beaucoup de monde, beaucoup de monde qui n’aime pas nécessairement les mêmes affaires : « La communauté francophone est très diversifiée, elle vient de partout dans le monde. France, Afrique, Haïti, Québec, vraiment un mélange. Et les gens arrivent avec leur bagage culturel, on ne connaît pas tous les mêmes artistes ou les mêmes chanteurs. »  C’est pour ça qu’un artiste comme Cécile Doo-Kingué, qui est passée il y a quelques jours, s’inscrivait si bien dans la programmation; originaire du Cameroun, ayant vécu à New York, Toronto et Montréal, elle rejoignait plusieurs groupes présents dans la Ville Reine.

Comme il y a beaucoup de monde, il y aussi beaucoup d’offre.  Qu’on le veuille ou pas, étant la plus grande ville au pays, c’en est aussi la capitale culturelle : « Il y a tellement de choses, tous les soirs, qu’il faut essayer de se démarquer là-dedans! Si tu dépenses 150$ pour aller voir U2, t’auras plus d’argent pour voir autre chose.  Il faut donner le goût de nous choisir, parce que ce n’est pas parce qu’ils sont francophones, qu’ils iront nécessairement voir des spectacles en français. »

Reste que pour Sophie, le défi est de convaincre les gens de prendre une chance avec eux : « On devrait venir pour les découvertes, les billets sont pas chers, le risque est petit pour passer une belle soirée ».

En terminant, j’ai demandé à Sophie quelle était sa plus belle soirée, dans ces années Coup de cœur, et c’est sans hésiter qu’elle a répondu : Yann Perreau!  « Il avait commencé lentement, puis après un moment, les gens dansaient. Il est tellement charismatique. Des anglophones qui travaillaient à la salle venaient me voir pour me demander who’s that guy ! »

Donc voilà, je sais maintenant où je m’en vais. En résumé, je m’attends donc à me faire demander si je peux avoir des tickets pour Daniel Lavoie à Winnipeg,  à danser en Saskatchewan, et à répondre à la question « who’s that guy » à Toronto.  J’espère vraiment ne pas être déçu.  Suivez ce blogue pour le résumé des activités CCF13 sur la route. Ça commence demain.

Ce voyage est rendu possible en partie grace au soutien de Musicaction et du secrétariat aux affaires intergouvernementales du Canada (SAIC)

 

LOUIS-JEAN CORMIER + ANIQUE GRANGER

Jeudi 28 novembre 20H00

SALLE ANTOINE-GABORIEAU

WINNIPEG (MB)