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Twitter autrement: jour 8

 Quand j’habitais sur la 7ième rue, un bonhomme tout dépenaillé venait parfois cogner chez moi. Il voulait savoir si j’avais des canettes, des bouteilles, une clope.

Une fois, je lui ai donné mon sac de canettes et on a fumé ensemble –c’était avant que j’arrête.

Il m’a raconté qu’il venait des Iles-de-la-Madeleine, ce que j’aurais pu deviné avec son accent large comme l’estuaire du St-Laurent.

Quand il est parti, il m’a tendu la main. J’ai eu un geste de recul qu’il a sans doute remarqué. Ses mains étaient croûtées, noires, dégueulasses. Quand j’en ai serré une dans la mienne, en lui disant au revoir, j’ai senti la peau sèche, râpeuse.

Je l’ai revu quelques fois. Il ne m’a pas reconnu. Une fois, il était dans le parc près de chez moi, la tête dans les mains. On aurait dit qu’il pleurait.

J’ai repensé à lui pour le tweet de ce soir, parce que je l’ai vu cette semaine. Il traversait la rue, il avait l’air bien rasé, moins mêlé. Et ses mains semblaient immaculées.