BloguesDenis McCready

La loi 78 – Sous la contrainte / En violation

Je viens de terminer la lecture de la loi 78 amendée, et comme je ne suis pas formé en droit, je propose mes interprétations et commentaires en guise de citoyen. Suivra dans le bas un appel à l’action et une recommandation d’approche.

MISE EN GARDE : J’écris les commentaires suivants SOUS LA CONTRAINTES d’une loi 78 telle qu’amendée, adoptée et sanctionnée le 18 mai 2012 (ou loi 78AAS dans le texte) (un lien vers le site scribd où le texte peut être téléchargé en PDF).

Par contre la totalité de ce blogue et toutes mes paroles et actions qui suivront à partir du 18 mai 2012 doivent être considérées comme les gestes d’un citoyens qui constate que la loi 78AAS est EN VIOLATION des droits fondamentaux des QuébécoisEs tels qu’inscrits dans la Charte des droits et libertés de la personne (ou CDLPQ dans le texte). J’entends participer à la hauteur de mes moyens à l’annulation de cette loi afin de rétablir le respect de la CDLPQ pour tous les citoyens du Québec.

* * *

J’ai lu la loi 78AAS et j’ai décidé de m’attarder à certains articles et à les commenter ou poser des questions (au cas où quelqu’un aurait des réponses ou opinions sur ces questions). Les notes et encadrés en rouge sont de moi.

Les sections I et II de la loi 78 AAS sont directement liés à la reprise des cours. Je ne m’attarderai pas à ces sections, bien que je soupçonne que ça contrevienne à d’autres lois ainsi qu’à la CDLPQ.

La section III s’applique à l’ensemble de la population du Québec :

À mon sens, ces deux articles contreviennent directement à l’article 3 de la CDLPQ :

3. Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.
1975, c. 6, a. 3.
L’article 16 de la loi 78AAS encadre l’usage de l’article 3 de la CDLPQ en inscrivant des limites de temps, de lieu et de moyens et en soumettant ces libertés au jugement arbitraire des services de police. Cet encadrement a pour effet de limiter nos libertés de manière excessive et est inacceptable.
Section IV, outre le caractère très répressif des amendes prévues, il y a deux éléments à souligner :

Article 26 – 1er paragraphe : Si la manifestation a lieu avant et après minuit, il s’agit donc de deux jours et les amendes sont donc multipliées par deux.
Article 26 – 2e paragraphe : Je me trompe ou il y a un doublon ouvrant la porte à ce qu’une personne physique soit automatiquement passible d’une amende de 7 000$ à 35 000$?
Article 30 :
Ici on a droit à une porte ouverte sur l’interprétation très large de ce que constitue une « aide ». Est-ce que je suis coupable d’une infraction à la loi si une autre personne organise une manifestation « illégale » et va ensuite dire que mes blogues, mes prises de positions fermes, mes arguments l’ont « aidé » à se convaincre de poser un tel geste? Dois-je constamment recommander le respect de la loi 78AAS au cas où mes paroles seraient mal interprétées? Devrait-on prêter un serment d’allégeance à la loi 78AAS tous les matins?
Et l’interprétation du mot « amène » peut aussi être très large. Suis-je coupable si je dis ouvertement (blogue, Twitter, Facebook, conversation dans un café) que ça serait « une bonne idée » de faire une manifestation le jour X, en oubliant de dire à tous de respecter la loi 78AAS, et que quelqu’un décide d’organiser une manifestation le jour X sans respecter la loi 78AAS tout en me citant comme la source d’inspiration?
Suis-je coupable si j’ai suggéré de prendre la rue avant le 18 mai 2012, date d’entrée en vigueur de la loi 78AAS, et que quelqu’un me relit et considère que ça lui a ouvert les yeux que je l’ai « amené » à organiser une manifestation illégale après le 18 mai 2012?
Suis-je coupable dès lors que je suggère une manifestation publique parce que dès que je l’exprime ouvertement, je risque de « perdre le contrôle » de ma suggestion et c’est aux policiers de déterminer si la manifestation est illégale et quel est mon niveau de responsabilité?
L’historique depuis février 2012 démontre que presque toutes les manifestations ont été décrétées illégales à un moment donné pour diverses raisons, souvent à cause de petits groupes de casseurs (dont on ne sait toujours pas qui ils sont). En faisant planer la menace de telles amendes, la loi 78AAS a pour effet d’intimider les citoyens et donc de restreindre leur liberté d’expression. C’est une attaque directe contre l’article 3 de la CDLPQ.
Article 32 – la clause contre Gabriel Nadeau-Dubois
En ce moment, il n’y a qu’un citoyen ciblé par une accusation d’outrage au tribunal en lien avec les injonctions : Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE. Notre parlement a donc voté une loi qui invalide les injonctions, mais pas les poursuites liées à ces injonctions. C’est ignoble qu’un parlement attaque de la sorte un citoyen ; s’il s’est rendu coupable d’outrage au tribunal alors tous les citoyens qui ont exprimé leur support aux associations étudiantes pour continuer la grève après les injonctions sont solidairement coupables comme lui.
Article 35 – responsabilité d’application de la loi
Les lois québécoises sont appliquées sur le territoire québécois, mais elles ne sont pas applicables aux résidents QuébécoisEs quand ils sont en dehors du territoire de la province (sauf quelques ententes internationales comme le code de la route avec les autres provinces et les État-Unis) ; le ministère de la sécurité publique n’a pas juridiction en dehors des limites du territoire. En cette ère d’Internet et de médias sociaux, ça soulève des questions :
  1. Si un individu vivant hors Québec organise une manifestation au Québec via un site web hors Québec, est-ce que la loi 78AAS s’applique à cet individu?
  2. Est-ce qu’une manifestation au Québec organisée par des individus hors Québec est automatiquement illégale si elle ne respecte pas les articles 16 et 17 de la loi 78AAS?

Hier, Amir Khadir a incité les citoyens à réfléchir ensemble à la désobéissance civile pacifique (prenez la peine d’écouter le vidéo au complet).

Nous devons aussi éduquer nos concitoyens et partager avec eux notre perception de la loi et de l’atteinte à nos libertés fondamentales.

Nous sommes maintenant sous la CONTRAINTE d’une loi qui VIOLE nos libertés fondamentales. Le temps du silence et de l’inertie est révolu. Nous devons nous exprimer et agir afin que la loi 78AAS soit annulée.

Éventuellement, les gens responsables de l’adoption de cette loi auront à répondre des abus commis par les forces policières sous la contrainte de cette loi. (ajout du 20 mai 2012)