BloguesDenis McCready

Arrêt de campagne – Je ne serai pas candidat à la mairie

Il y a le désir et il y a la réalité.

J’ai toujours une profonde envie de pousser l’idée de la démocratie directe aux élections municipales de Montréal. Ça m’apparait comme la seule option politique à défendre en ce moment. Je dois par contre reporter ce désir à plus tard.

La réalité est que je n’en ai pas le temps, et donc pas les moyens humains. Je gagne ma vie à faire des documentaires et le film sur lequel je travaille depuis plusieurs mois a été financé. Il sortira en salle et sera diffusé sur RDI et Radio-Canada en 2014. Nous avons commencé à tourner il y a maintenant deux semaines et nous avons beaucoup à accomplir au cours des deux prochains mois, exactement en plein milieu de la campagne électorale municipale. Mauvaise synchronisation. Un choix réaliste s’imposait. Je ne peux pas parler du contenu du film pour le moment, mais il est le plus important sur lequel j’ai travaillé à ce jour. Pour le Québec, pour ses citoyens et pour l’avenir des prochaines générations.

J’ai donc pris la décision de ne pas déposer ma candidature à l’élection municipale. Je ne serai pas candidat à la mairie de Montréal, ni pour aucun autre poste.

Je ne renonce pas à la démocratie directe. Je reporte simplement mon engagement parce que je crois que ça demande d’y consacrer toutes mes énergies et en ce moment j’ai des obligations professionnelles et morales de faire ce documentaire. Vous en entendrez parler ici dans les prochains mois.

Depuis que je parle de démocratie directe autour de moi, je reçois des commentaires cyniques et des questions démagogiques, mais je reçois aussi beaucoup plus de réactions de soutien inconditionnel et de souhaits profonds de voir la démocratie directe devenir notre système politique. Je suis convaincu que c’est la bonne voie. La seule voie possible.

Je tiens à remercier toutes celles et ceux qui ont signé mon formulaire. Je sais que vous serez déçu de ma décision, mais je veux que vous sachiez que c’est en pensant à nos discussions et à votre geste de confiance que j’ai réfléchis longuement et que j’ai décidé d’arrêter ici. L’idée de la démocratie directe existe en soi. J’ai été porteur de flambeau quelques temps, je passe la flamme devant et je promets de rester actif du mieux que je peux.

La démocratie directe à Montréal ferait en sorte que les citoyens détiendraient le pouvoir politique de décider des grands enjeux, des grands règlements qui les concernent, par voie de référendums tenus à dates fixes : un au printemps, un à l’automne.

En conséquence de ce premier point, il y aurait donc un mécanisme de destitution de tous les postes élus dans la ville centre et dans les arrondissements.

J’ai eu quelques échanges avec deux élus de Projet Montréal (sur Facebook avec Richard Ryan et en personne avec François William Croteau lors d’une conférence). Bien qu’il y ait eu sur le Plateau Mont-Royal un référendum en 2011 et que ce parti consulte beaucoup les citoyens, il est clair que la démocratie directe ne fait pas partie de leur programme actuel.

Le 19 août dernier, j’ai interpellé Marcel Côté sur Facebook alors qu’il annonçait des candidatures : « M Côté, est-ce que vous avez l’intention de mettre en application la suggestion de M. Rotrand et organiser des référendums lors des élections municipales? »

Il a répondu :

Je n’ai pas posé la question à Denis Coderre ou Mélanie Joly, mais si l’occasion se présente, je n’y manquerai pas.

Si le pouvoir politique des citoyens à décider de la gestion de leur ville n’est pas un enjeu, alors que Montréal se relève à peine de la gueule de bois d’avoir été pillé par des fonctionnaires, des ingénieurs, des compagnies de construction, des mafieux et des partis politiques municipaux, alors je ne sais vraiment pas de quoi on devrait parler dans cette campagne.

J’espère de tout cœur que des citoyens dans tous les arrondissements deviendront candidats et commenceront cette nécessaire et urgente reprise du pouvoir politique des mains de ceux qui préfèrent un succédané de démocratie.

Je continuerai à dénoncer les injustices et le déficit démocratique dont le Québec souffre. Ce n’est pas une abdication, c’est un recul pour mieux prendre mon élan.