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Dépêche de Tokyo : La nécessité d’une approche holistique à la gouvernance de l’environnement

La communauté environnementale reconnait depuis longtemps que la résolution des problèmes environnementaux est particulièrement complexe. Il faut d’abord entretenir un dialogue productif avec les sciences de l’environnement dont les conclusions sont rarement complètes et inconditionnelles. Ensuite, il faut composer avec les interactions entre les écosystèmes et les systèmes économiques, sociaux et culturels et ainsi surmonter des obstacles d’ordre financier, technique et politique. Enfin, les phénomènes environnementaux ne respectent pas les frontières, ce qui nécessite des réflexions et pistes de solutions à plusieurs échelles – locale, régionale, nationale, internationale et mondiale.

Ces complexités servent de toile de fond pour le Earth System Governance Project et la notion même de la « gouvernance du système terrien » qui se définit comme suit : « the interrelated and increasingly integrated system of formal and informal rules, rule-making systems, and actor-networks at all levels of human society (from local to global) that are set up to steer societies towards preventing, mitigating, and adapting to global and local environmental change and, in particular, earth system transformation, within the normative context of sustainable development. »

Sur la base de cette conception holistique des enjeux et solutions environnementaux, le Earth System Governance Project aborde cinq thèmes principaux dans ses activités de recherche :

  1. la conception des systèmes de gouvernance de l’environnement au regard de leur émergence, design et efficacité ainsi que leur intégration au sein de d’autres systèmes de gouvernance ;
  2. l’identification des acteurs non-étatiques qui participent, ou devraient participer, à la gouvernance de l’environnement et les modalités de leur participation ;
  3. la capacité d’adaptation des systèmes de gouvernance de l’environnement en ce qui concerne tout particulièrement la gestion de l’incertitude inhérente aux systèmes humains et naturels ;
  4. la nature démocratique (ou non) des systèmes de gouvernance de l’environnement, notamment lorsque ceux-ci dépassent le cadre des institutions démocratiques d’une seule communauté ou nation ; et
  5. l’accès aux ressources naturelles et la distribution des biens et des fardeaux découlant de la gouvernance de l’environnement.

Comme les autres participants à ce réseau de chercheurs, je crois que ces thèmes peuvent en effet nous permettre de réfléchir à la mise en place de systèmes de gouvernance pouvant appréhender la complexité des enjeux environnementaux et favoriser l’adoption de solutions circonspectes et agencés. Il faut dire, par ailleurs, que ces thèmes soulèvent des questions fondamentales pour la vie en société et l’exercice du pouvoir politique concernant l’agencement de l’autorité, la participation citoyenne, l’intégration du savoir, la légitimité, la justice et l’équité. Sans doute qu’une telle approche nous aurait été très utile ces dernières années au Québec et pas seulement dans des dossiers et débats touchant à l’environnement…

Sébastien Jodoin
Tokyo, Japon
29 Janvier 2013