Les événements de la dernière année et plus particulièrement du printemps 2012 ont suscité beaucoup de réflexion dans la société québécoise. D’abord à propos des frais de scolarité, bien sûr, mais l’aspect contestataire du mouvement étudiant a aussi généré des questionnements à propos de nos visions de concepts fondamentaux comme la vie démocratique, le droit de manifester, la légitimité d’un gouvernement, etc. Et, à propos du rôle de la police, évidemment!
Je n’avais jusqu’au printemps dernier pas vraiment de grief particulier vis-à-vis de la police au Québec, que ce soit celle de Gatineau, de la SQ ou d’ailleurs. Ni particulièrement pour, ni particulièrement contre, je conçois qu’ils aient un certain rôle utile, voir nécessaire, à jouer en société. J’éprouvais toujours un certain malaise à voir des centaines de manifestants se crinquer annuellement pour manifester contre la brutalité policière… et un malaise au moins égal à entendre des amis policiers raconter certaines de leurs valeureuses prouesses.
Mais la tension sociale du printemps dernier nous a offert une excellente occasion de juger de la qualité de nos services de police : en situation de crise, comment réagiraient nos policiers et nos policières? Le constat est clair : échec lamentable! Si la police était une équipe de hockey, il y aurait eu un moyen ménage pendant la saison morte. Bien sûr qu’il s’agit d’un métier difficile, tendu et dangereux; bien sûr qu’ils ont dû faire face à des fauteurs de troubles régulièrement; et finalement bien sûr que nous les jugeons durement! Ils sont les seuls qui bénéficient du monopole de la force autorisée, une très lourde tâche qui vient avec de très lourdes responsabilités. S’il n’y avait eu que 2 ou 3 incidents répartis sur plusieurs mois, à la limite on aurait pu passer l’éponge… Mais un gâchis généralisé, partout au Québec, pendant plusieurs semaines? Ça n’a aucun sens, il y a vraiment un problème!
Les journalistes de l’émission « Les années lumière », à la radio de Radio-Canada, ont probablement mis le doigt sur une partie importante du bobo policier dans leur émission du 20 janvier dernier. Se pourrait-il qu’il y ait un problème majeur dans le recrutement des aspirants policiers? Sommes-nous vraiment certains de vouloir attirer principalement des candidats qui cherche l’action, la surprise, voir la bagarre? Pas tous, bien sûr, mais une visite dans un CÉGEP où se donne le programme de techniques policières nous donne un assez bon aperçu du candidat typique. Pas surprenant alors qu’on se ramasse avec une proportion importante de policiers qui, au lieu de calmer le jeu tel que devrait être leur rôle, participe activement à l’escalade de la violence comme on l’a vu si souvent au printemps. Que ce soit simplement en adoptant l’attitude arrogante de celui qui détient le pouvoir de te frapper ou de t’arrêter à tout moment, ou carrément en posant des actes illégaux comme les si nombreux refus de s’identifier, le poivre et les coups pas toujours justifiés, les policiers jettent de l’huile sur le feu.
Est-ce que la solution passe par des critères de sélection plus serrés, une éducation plus longue et poussée, peut-être universitaire – douce ironie! – qui donnerait au final des recrues plus matures, peut-être plus réfléchies? Il faut examiner les options, parce qu’il y a manifestement beaucoup trop de policiers qui n’ont pas les capacités à exercer les pouvoirs importants qui sont entre leurs mains.
Reportage des Années lumières disponible en ligne : http://www.radio-canada.ca/emissions/les_annees_lumiere/2012-2013/chronique.asp?idChronique=268602
Tellement pertinent comme article mon Frank! C’est drôle…je commente ça en ayant, moi aussi, plusieurs amis qui font partie du corps policier. Et je ne mets aucunement en doute la compétence de ces personnes. Mais, sans vouloir mettre tous les œufs dans le même panier, je pense en effet que quand de tels pouvoirs te sont conférés, ça prend plus qu’un intérêt envers « les chars, les pitounes et les guns » pour être candidat légitime à accomplir une telle tâche. Le remède réside peut-être dans l’éducation…difficile à dire. Peut-être une sélection plus pointue des candidats, avec des évaluations approfondies des valeurs et de l’éthique même de chaque candidat. Je me souviens, au Cegep, j’avais un cours de français dans une classe majoritairement composée d’aspirants policiers. J’ai été témoin d’une indiscipline valorisée entre camarades, qui atteignait parfois les limites de l’intimidation à notre prof, une jeune dame qui tentait tant bien que mal de plaire et d’enseigner une matière peu populaire à ce que je qualifierais de « bande d’animaux de ferme ». L’expression est dure, mais c’était navrant. Des gags de machos, des rires gras à tue-tête à tout moment, des remarques inappropriées, etc. La pauvre femme avait peine à enseigner. En voyant une telle population de machos typiques stéréotypés au maximum, j’en suis venu à me demander s’il ne fallait pas se fondre dans le moule du « porteux de calotte » à t-shirt arborant une femme en bikini qui aime les chars et dont le discours se limite à des « jokes » sexistes et un vocabulaire peu élogieux sur « les BS », les « races » et les « crisse de poils » pour faire partie de la gang d’étudiants en Techniques policières. Je salue néanmoins la noblesse d’un métier qui, plus souvent qu’autrement, est sous-apprécié et qui fait l’objet de fréquents préjugés et d’une stigmatisation systématique par un grand nombre de gens. C’est drôle, on chiale constamment contre les policiers, on souligne en gros caractères les fresques sordides du matricule 728, on s’indigne à la première occasion devant les cas de brutalité policière, sans jamais saluer ces hommes et ces femmes qui n’ont pas un mince mandat et qui, pourtant, accomplissent savamment leur tâche avec intégrité. Et autant certains policiers ou étudiants en TP représentent des stéréotypes, autant ceux qui en crient le plus haut et le plus fort les démérites sont bien souvent, eux aussi, de pathétiques stéréotypes. D’un bord, les crétins à calotte qui aiment les chars et qui ont peine à prononcer un mot de plus de trois syllabes, de l’autre bord, des pseudo-anarchistes de la gauche un peu radicale qui aiment bien chialer et stigmatiser tout ce qui pourrait possiblement différer de leur vision des choses ou de leur opinion. Il y a aussi le jeu de la provocation. Peu importe de quel côté il vient, cela n’a pas sa place. Je pense qu’il y a un travail à faire des deux côtés…autant de celui des policiers que de celui des citoyens.
Points de vue intéressants et modérés sur la question, c’est agréable.
J’écris actuellement un livre sur la police au Québec qui est au coeur de ces questions et si des policiers veulent me rencontre pour me parler de leur réalité, de leurs problèmes et leurs préoccupations, j’aimerais bien pouvoir donner un contrepoint aux nombreuses situations qui les accablent en ce moment. Dans toutes les sociétés, les systèmes sont autant responsables que les hommes et le recrutement, l’encadrement, la formation sont des points essentiels. Je rencontre beaucoup de gens qui me parlent de ces questions (enseignants, chercheurs, criminologues, juristes, procureurs) mais aucun policier ne m’a encore raconté son point de vue, même confidentiellement ! Pl Prégent, si vous voulez relayer ce message à vos amis… Pour en savoir plus sur le projet allez lire la page Facebook : https://www.facebook.com/pages/Livre-sur-la-police-au-Qu%C3%A9bec/420470924706767
Vous êtes bien attendrissant, mr Léveillé…
Les politiciens sont à l’image du peuple.
La polices est à l’image du peuple.
Les étudiants sont à l’image du peuple.
Ainsi de suite.
Bref, nos enseignant de qualité moyenne enseignent à nos étudiants de qualité moyenne, qui deviennent nos politiciens et nos policiers de qualité moyenne…
Oui on fait dur. Nous avons été colonisés par une nation très ordinaire, perdante et peureuse(France). Nous ne sommes ni chinois, ni allemands ni anglo-saxon.
Faites avec.
Vous êtes bien réjouissant M. Perreault!
Que répondre à cela? L’auto-flagellation, c’est pas vraiment mon trip. Je suis probablement trop naïf!
Je crois que le problème vient plus de la sélection que de la formation.
Le travail de policier demande des nerfs d’acier, du self-control, bref d’être cool!
Ce que j’ai vu le printemps dernier, c’était une bande d’incompétents, qui créaient les tensions au lieu de les désamorcer. Ils se trompent royalement dans la sélection des futurs représentants au maintien de l’ordre, à moins que je me trompe dans la représentation que je me fais d’un policier?!?
D’accord avec vous… c’est d’ailleurs intéressant d’entendre, dans le reportage des Années Lumières, que des cohortes de policiers venant de différents Cégep sont reconnues pour être plus posées, plus agitées, etc., en fonction des différents tests psychologiques que doivent passer les candidats partout au Québec.
Il y a définitivement de quoi réfléchir…