BloguesHugo Prévost

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Le salut journalistique passe-t-il par la presse anglophone? La gravité de la question est peut-être (ou plutôt sans doute) surestimée, mais il fait bon, de temps en temps, de se pencher sur ce qui se passe de l’autre côté du boulevard Saint-Laurent en matière de journalisme. Car dans les médias, comme dans pratiquement toutes choses au Québec, il existe un clivage entre les francophones et les anglophones.

Alors que les déboires – et la concentration monopolistique – de la presse francophone éclipsent ce qui se passe chez nos collègues utilisant la langue de Shakespeare, à l’exception des compressions imposées chez The Gazette, ou ailleurs, il fait bon se rappeler, parfois, qu’il existe encore du bon en cet univers médiatique cruel. Ce fut donc avec un réel plaisir que j’eût l’occasion, assez récemment, de mettre la main sur un exemplaire papier du journal mensuel Cult Montreal. Si je connaissais déjà la version web quotidienne de ces rescapés du Montreal Mirror avant qu’il ne soit charcuté par Québecor et inséré de force dans le 24 Heures, l’apparition d’une nouvelle publication à l’ancienne a un petit quelque chose de réjouissant.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici de la création d’un empire à la hauteur de La Presse, ou même à la hauteur du Voir. Cependant, après la disparition des hebdomadaires culturels anglophones en version papier et le confinement au web du Hour Community – d’ailleurs, est-ce que le Hour existe toujours, ou s’agit-il d’une publication sur respirateur artificiel? -, la mise en place de Cult MTL apporte une bouffée d’air frais dans un milieu sentant de plus en plus le renfermé. Je serais curieux de savoir si l’équipe de Cult Mtl réalise des profits ou réussit au moins à éviter les pertes financières, mais l’aventure vient au moins prouver que la presse alternative n’est pas morte, et qu’il est encore possible (en 2012!) de monter une odyssée médiatique sur papier.

Parlant de presse anglophone et de nouvelles tentatives journalistiques, j’étais passablement déçu d’apprendre que le réseau de médias hyperlocaux OpenFile devait fermer temporairement ses portes, histoire de revoir son modèle d’affaires. Passablement déçu, certes, mais la mort silencieuse de la section francophone de la version montréalaise m’avait déjà paru comme étant un irritant majeur de la part d’un média qui se veut national. Sur Twitter, on m’a répondu que les ressources limitées n’avaient pas permis de faire tourner deux versions du même média. À cela, je répondrai que cet abandon de la langue de Molière a peut-être contribué aux difficultés financières que l’entreprise doit présentement surmonter. Sans tenter de séduire les lecteurs francophones, un média montréalais se voulant «inclusif» se prive automatiquement d’une majorité de lecteurs potentiels. Après tout, est-il nécessaire de mentionner que les anglophones sont moins nombreux que les francophones au Québec? Ce n’est certainement pas pour rien qu’il n’existe qu’un seul quotidien de langue anglaise dans la province, alors qu’on en compte plutôt 13 du côté francophone…

Existe-t-il, d’ailleurs, un exemple d’une collaboration réussie entre des journalistes des deux langues officielles canadiennes? Le seul média dont le titre me vient en tête est Nightlife Magazine… Ah, et les différentes itérations de Media Coop, si ma mémoire est bonne. C’est bien peu pour un si vaste pays, non? Après tout, il est peut-être temps de tendre la main à l’autre solitude, histoire de se retrousser les manches et d’en finir avec cette crise en développant des solutions originales et des modèles d’affaires audacieux…