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[karkwa], la grève étudiante et la fuite en avant

En discutant avec des collègues sur le fait que les étudiants en grève n’ont pas beaucoup d’alliés pour défendre leur cause qui dépasse pourtant leur strict intérêt, je me suis mis à fredonner tristement la chanson «Le compteur» de [karkwa].

Voici un extrait des paroles de Louis-Jean Cormier:

«Pendant que tout le monde parle dans la cour,

Pendant que les enfants chassent les vieux au pas lourd,

Moi je ne vois rien, inconscient, de courir sur les mains,

déjà, replonger à demain,

Comme les craqués qui dansent, sans savoir que l’heure avance,

Sur des grands cheveux blancs, en cavale, Viennent les vieux tourments, de l’idéal

Pour questionner mon cœur, le bal, du je serais mieux ailleurs, la porte, de ne pas pouvoir m’y faire, trop tard, pour revenir en arrière,

Comme les craqués qui dansent, sans savoir que l’heure avance,

Comme les craqués qui dansent, sans savoir que l’heure avance, Comme les craqués qui dansent…»

– [karkwa], «Le compteur», Le volume du vent.

Il y a un conflit intergénérationnel dans ce texte. Et c’est justement ce que je perçois dans la lutte des étudiants contre la hausse des droits de scolarité. Les jeunes n’ont pas beaucoup d’alliés dans leur combat. Pourtant, ils ne défendent pas vraiment leur «porte-feuille», ils portent un idéal : celui d’une éducation accessible à tous, non-réservée à une élite bien nantie.

Mais leurs parents ou leurs devanciers boomers qui ont pourtant largement bénéficié de cette accessibilité aux études à partir des années 1960, sont inconscients et courent sur les mains pendant que Jean Charest et ses amis policiers traitent les jeunes en délinquants pour faire dévier le débat ailleurs.

Je suis triste et même un peu en colère que des plus vieux puissent bénéficier d’une retraite convenable (ils n’ont pas cotisé à la hauteur de leurs prestations…) pour ensuite refiler la facture de cette retraite aux générations montantes qui eux paieront une part de plus en plus importante de leurs études… Bien sûr, la réalité est plus nuancée, mais le portrait est tracé: de nouveaux retraités se désolidarisent d’une jeunesse porteuse de projets autres que strictement individualistes et imprimés d’une logique marchande.

«Sur des grands cheveux blancs, en cavale, Viennent les vieux tourments, de l’idéal… »

La génération des étudiants d’aujourd’hui est peut-être la première génération qui aura vu ses conditions de vie se détériorer par rapport à la génération précédente. Et cette panne de l’ascenseur social se concrétise avec la complicité silencieuse des plus vieux: «ces craqués qui dansent, sans savoir que l’heure avance»…

Panne de l’ascenseur social pour les jeunes générations. Crise écologique qui compromettra davantage leurs conditions de vie. Il faut commencer à penser aux prochaines générations, et avoir une pensée durable. Il me semble que tout ça peut commencer un 22 du mois: le 22 mars, on marche avec les étudiants, et le 22 avril, on marche pour un développement qui profite à tous et qui respecte  l’environnement. On amorce une pensée durable.

Comme disait le personnage de Sophie dans La Guerre des Tuques : «Marche, ça déniaise