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Triste colère

Je suis écœuré de parler de la gestion de la grève étudiante par ce gouvernement qui a choisi la confrontation, la judiciarisation et le pourrissement pour briser le mouvement étudiant et détruire la démocratie étudiante. Mais je ne peux me défiler, faire semblant et me foutre la tête dans le sable: il y a la police et des escouades anti-émeutes aux portes des institutions d’enseignement qui frappent sur les étudiants en grève et leurs alliés de façon à frayer un chemin à des individus incapables de mobiliser des majorités autour de leur projet de retourner en classe par voie démocratique. Croit-on vraiment que cette situation orwellienne permettra une «sortie de crise»? Croit-on vraiment qu’il est possible de réunir les conditions pédagogiques nécessaires à la reprise des cours dans un tel contexte?

Et la démission de Line Beauchamp, que j’avais moi-même réclamé, ne semble pas ouvrir vers un espace de dialogue plus constructif…

Alors, qu’est-ce qu’on fait? Il m’apparaît évident que la seule sortie de crise possible est celle d’un moratoire sur la hausse pour la prochaine session et un rendez-vous électoral qui permettrait de trancher le conflit. Mais ce gouvernement a justement choisi la ligne dure avec les étudiants parce qu’il croyait que c’était payant électoralement… Alors, dans ce contexte, d’où vient l’impasse, croyez-vous?

Le plus déprimant dans tout ça est qu’un très grand nombre (une majorité selon des sondages à la méthodologie douteuse) semble appuyer le gouvernement et considérer que les étudiants en grève sont des «enfants gâtés»… Vraiment? Ces jeunes se battent contre une hausse qu’ils n’auront pas à assumer totalement individuellement; ils acceptent de compromettre leur session en embrassant un projet de société où l’accès à l’éducation pour tous et la justice sociale ne sont pas que des slogans; ils se font gazer et frapper; ils se font mépriser par les autorités politiques et médiatiques; ils deviennent de plus en plus la cible de policiers qui ont choisi leur camp: plutôt que d’être gardiens de l’ordre, plusieurs policiers rêvent aujourd’hui de semer la violence et le désordre aux portes des écoles, ils provoquent et frappent sans discernement.

Voilà une autre facette du lourd héritage de la gouverne politique de Jean Charest le 1er sinistre. Les policiers aux portes des écoles. La sous-traitance irresponsable de cette crise au système judiciaire et aux administrations des institutions d’enseignement. L’incapacité de dialoguer avec des leaders étudiants articulés. Le langage vide et livide d’un petit politicien qui rêvait de devenir Premier ministre du Canada mais qui n’a finit que premier ministre d’une nation qu’il ne considère que comme province…

Sombre portrait. Triste colère.