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Bienvenue au XXIe siècle

Je suis en «Lune de Miel» avec Pauline Marois. Évitons de l’appeler «Pauline». Et j’espère que ses conseillers qui, disons-le, n’ont pas été très brillants jusqu’ici, sauront eux aussi éviter cette recherche de proximité qui ferait défaut à Mme Marois.

Ses premiers gestes comme première ministre sont éloquents et ils expliquent pourquoi je suis pour le moment conquis à sa gouverne (calmons-nous, ça fait pas deux semaines…). Son grand calme et son propos rassembleur le soir de sa victoire; la composition de son cabinet et ses premières décisions m’ont toutefois fait un grand bien. Pour ceux qui disaient que PQ et PLQ sont pareils, regardez les premiers gestes de Pauline Marois:

Annulation de la hausse des frais de scolarité, abrogation de la loi 12 (projet de loi 78), annulation de la taxe-santé, fermeture de Gentilly 2… Volonté affirmée de vouloir augmenter les impôts des mieux nantis (malgré tous les doutes entretenus par plusieurs sur l’efficacité de cette mesure, le principe d’une plus grande progressivité des impôts me plaît). Ces décisions ainsi que la composition de son cabinet, témoignent d’une volonté de réorienter l’action de l’État.

Nous ne sommes plus dans le cosmétique. Daniel Breton, ministre de l’environnement. Cet homme n’est pas un figurant. S’il a été placé là, c’est que Pauline Marois est prête à ce que le soucis de la préservation des écosystèmes et de la valorisation des énergies vertes, comme le besoin de renforcer le contrôle collectif de nos richesses naturelles deviennent une réalité. La nomination de Martine Ouellet aux ressources naturelles démontre que le Bureau d’audiences publiques en environnement redeviendra ce qu’il doit être, c’est-à-dire une instance de consultation indépendante et imprégnée des principes du développement durable: un projet recommandé sera équitable envers les prochaines générations et accepté socialement. Le BAPE a été travesti sous la gouverne de Jean Charest (Lucien Bouchard avait préparé le terrain) et ses mandats comme la composition des commissaires étaient forts critiquables… Dans le dossier des gaz de schiste par exemple, on demandait au BAPE «comment exploiter» la ressource plutôt que de questionner sa nécessité…

Certains ont critiqué Mme Ouellet lorsqu’elle a dit qu’elle «ne voyait pas le jour» où l’exploitation du gaz de schiste serait «sécuritaire». Je trouve que la ministre a bien fait de souligner où elle se situe. Ceux qui veulent se lancer dans cette aventure doivent arriver avec des preuves solides de l’innocuité de leurs méthodes d’extraction pour les nappes phréatiques. Même chose en ce qui concerne le Sommet sur l’éducation supérieure que le gouvernement Marois compte organiser prochainement. Mme Marois a annoncé sa position, sans préjuger du résultat du sommet: elle considère pour le moment augmenter les frais de scolarité annuellement, au taux d’inflation. Les choses sont claires. Elles bougeront si les groupes qui ne sont pas en accord avec cette posture réussissent à convaincre le gouvernement avec leurs arguments. Mme Marois propose sa direction, mais elle consulte et dit que le jeu demeure ouvert. J’haïs pas ça. Avec l’abolition de la hausse et le maintien des mesures d’aide financière pour la prochaine année, les conditions du dialogue sont réunies. Même chose pour les gaz de schiste. On nommera de nouveaux commissaires, moins inféodés à l’industrie, et on poursuivra l’étude environnementale stratégique. L’avenir est ouvert.

Mais chose certaine, pour paraphraser le nouveau ministre responsable de l’environnement (et de la faune, qui revient sous la tutelle de ce Ministère, autre bonne nouvelle!), le Québec est aujourd’hui gouverné par des Verts.

Bienvenue au XXIe siècle.