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La famille royale canadienne

La famille royale canadienne - Photo Jacques Nadeau, Le Devoir

Justin Trudeau se lance dans la course à la chefferie du Parti libéral du Canada.

La presse titre «Au nom du père et du fils…». Les médias canadiens-anglais et canadiens-français se pâment. Après la trudeaumanie de 1968, qui a vu la personnalité et le style de Pierre Elliott Trudeau triompher et apporter des réponses à la crise identitaire du Canada – ces réponses posent toujours problèmes d’ailleurs, ce que fiston ne semble pas considérer — vivrons-nous une nouvelle trudeaumanie ?

Je dirais plutôt que nous glissons sans nous en apercevoir vers une «monarchisation» du Canada. Stephen Harper deviendrait-il alors son propre fossoyeur? Car c’est notre actuel premier ministre qui a le plus contribué à ramener la symbolique monarchique dans le paysage canadien. Il a changé l’appellation des forces armées canadiennes, dorénavant les Forces armées royales, l’Aviation royale, la Marine royale… Dans l’édifice du ministère des affaires étrangères, il a écarté des œuvres de Pellan au profit de banals portraits de la Reine. Celle-ci doit d’ailleurs maintenant figurer sur les murs de toutes les ambassades… Ambassades qui logeront parfois à la même enseigne que celle de la métropole, comme si nous étions encore une province de l’Angleterre… Il ne manquait au Canada que sa propre famille royale.

Avec Pierre Elliott Trudeau comme «père de la nation» canadienne moderne – une nation qui s’est construite il faut le rappeler, sans le consentement unanime de l’Assemblée nationale, d’hier à aujourd’hui – Justin Trudeau peut maintenant incarner le fils «hip», légitime descendant de «notre famille royale» multiculturelle et bilingue !

Sa femme Sophie Grégoire incarne une Kate Middleton tout-à-fait à notre mesure, c’est-à-dire au plaisir qu’ont les anglo-saxons au premier chef, mais sans doute un peu tout le monde ici, à contempler une mère de famille aimante et dynamique, toujours en appui mais aussi en réserve de son mari…

À force d’enfoncer le clou de la Monarchie,  Stephen Harper a préparé le terrain pour que la frénésie autour de la candidature de Justin Trudeau s’empare du Canada, (Québec compris). Il ne manquait en effet à «cette nation canadienne» que sa propre famille royale…