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Israël: le sursaut moral?

C’est jour d’élections législatives en Israël demain. Et tout porte à croire que la coalition d’extrême-droite reprendra le pouvoir… Ceci est dû à une obsession sécuritaire qui a de bonnes raisons d’exister, mais qui est surtout bien entretenue et instrumentalisée par la droite expansioniste (sic).

Et si la société israélienne se réveillait cette nuit en se disant que l’occupation a assez durée? Et si elle s’avouait franchement que la colonisation des territoires palestiniens est une forme de terrorisme d’État qui ne peut à terme que nuire à l’ambition de la normalisation de l’État d’Israël dans la région? Et si le camp moral israélien qui s’est assoupi ou s’est disloqué après l’échec d’Oslo au milieu de l’an 2000 se réveillait pour bloquer l’extrême-droite complètement inconsciente de la ruine vers laquelle elle pousse sa propre société ainsi que celle de ses voisins?

Ces rêves de dernière minute ne sont pas uniquement des lubies. Il existe un camp moral en Israël, qui croit que ce pays a une exigence supplémentaire envers le respect de la dignité humaine et qui accepte mal les crimes de guerre commis au nom de la «sécurité nationale» ou de la survie de l’État d’Israël. Ce camp moral a émergé à la suite de Sabra et Chatila. Quand l’armée israélienne a supervisé le massacre des camps palestiniens du Liban en 1982, 200 000 personnes sont sorties dans les rues de Tel-Aviv pour crier que ces actes ne doivent pas se faire «en notre nom»… Ce même camp moral a porté Rabin au pouvoir et est sorti dans la rue pour condamner son assassinat par un coreligionnaire israélien en 1995. Ce camp moral s’est ensuite immiscé au sein de l’armée: ce sont ces refuzniks faisant partie de Tsahal, qui refusent de survoler les territoires occupés ou de participer à des missions de réoccupation des territoires palestiniens, considérant que leur rôle n’est pas d’agrandir le territoire israélien, mais de protéger celui déjà acquis à la suite de la guerre d’indépendance.

Ce camp moral a donc depuis longtemps compris qu’Israël a gagné son indépendance et qu’il faut maintenant permettre aux Palestiniens de gagner la leur, sans que la violence n’en devienne la voie privilégiée. Nous connaissons en effet parfaitement les contours d’une paix possible. Et nous pouvons tirer des leçons des échecs passés.

Alors, pour que l’espoir reprenne, il suffirait que le camp moral israélien se réveille et se mobilise.

Dans le silence de l’urne, il peut se passer bien des choses… Bonne nuit Israël.