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Les rois du souper-spaghetti

C'est vrai que c'est plate ce qui arrive en Haïti. Il faut avoir tout un coeur de marde pour ne pas être touché par une telle catastrophe. Toutefois, le contraire n'est pas plus vrai. Ce n'est pas parce que vous vous sentez interpellés par le cauchemar en Haïti que vous êtes forcément une personne avec le coeur sur la main. Vous aurez beau déposer cinq dollars ou même 20 dollars pour venir en aide aux sinistrés, cela ne changera jamais le fait que vous voyez bien la détresse que vous voulez bien voir.

Si un jour vous appreniez que votre voisin est sur le bord de faire une faillite et qu'il n'arrive plus à joindre les deux bouts depuis que sa petite fille est malade, vous lancerez-vous dans une campagne de levée de fonds afin de lui venir en aide? Et si jamais vous le faisiez, pensez-vous que votre cause gagnerait en popularité auprès de vos autres voisins?

Si je vous disais que plus d'un million d'enfants au Canada doivent vivre dans des foyers dont le revenu est sous le seuil de la pauvreté, me croiriez-vous? Probablement que non car le Canada a l'heureuse réputation d'être le pays riche (après les État-Unis quand même) qui s'occupe le moins de ses pauvres.

En Amérique du Nord, on a le coeur à l'exotisme. Générosité rime avec distance. Nous sommes les rois du souper-spaghetti afin de ramasser des fonds pour aider le monde entier mais lorsqu'il est temps de donner et même de s'impliquer dans notre propre communauté, on préfère laisser l'État s'en mêler.

Je le repète, je trouve ça vraiment plate ce qui arrive en Haïti. Mais ce que je trouve encore plus plate, c'est que la faim et la précarité de nos proches ne donnent pas d'images aussi déchirantes.