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Cancer et politique: une mixture à éviter!

 

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a rendu public le rapport de son comité d'experts sur la possibilité que des résultats de tests orientant la prescription de médicaments suite à des traitements pour le cancer du sein aient été erronés.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/200906/04/01-863018-cancer-du-sein-2100-dossiers-a-revoir.php

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Mais portez une attention particulière à un des critères dictés par ce comité pour déterminer quelles lames de quelles patientes seront retestées, soit que ces tests aient été faits dans des laboratoires sans contrôle externe.

Ce qui nous ramène à une des principales constatations déjà faites depuis quelques années par le milieu médical québécois:

le ministère de la Santé doit IMPOSER à TOUS les laboratoires de pathologie des normes strictes aux niveaux de la FORMATION des techniciens et de l'OBLIGATION d'être soumis à un système d'accréditation, incluant ce fameux contrôle externe.

Bref, au-delà de l'EXTRÊME POLITISATION dont tout ce dossier a été victime depuis une semaine, où des demandes démagogiques fusaient pour la démission du ministre, il reste que ce gouvernement doit accélérer le processus menant à l'imposition de cette obligation, de même que fournir aux laboratoires les ressources humaines et financières nécessaires.

(Soit dit en passant, même avec un contrôle externe, il reste un pourcentage minime d'erreurs. Mais c'est la performance optimale qu'offre la meilleure expertise existante. Et c'est donc ce niveau de performance que le gouvernement doit garantir pour TOUS les tests de cancer.)

À cette enseigne, il est troublant qu'en 2005, face à ce qui se passait à Terre-Neuve, le gouvernement se soit contenté d'imposer seulement l'obligation d'un contrôle INTERNE. Ce qui a laissé aux hôpitaux et cliniques la liberté de décider si oui ou non, ils allaient quand même faire appel à une accrédition incluant des contrôles externes. Le problème restant aujourd'hui étant la minorité de labos n'ayant toujours pas cette garantie de contrôle externe.

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Un autre problème, comme le soulevait le député de Québec solidaire, Amir Khadir, est le fait que les gouvernements péquistes et libéraux aient coupé dans les budgets de pathologie.

Pis encore, rappelait-il, l'ouverture accrue aux cliniques et laboratoires privés a retiré du système public d'autres ressources essentielles: «il faut maintenant faire aussi le ménage dans le domaine diagnostic et dans le domaine radiologique où il y a une existence d'un système parallèle. Il faut, dans la même foulée, encadrer ça, limiter ça pour qu'il n'y ait pas de système à deux vitesses.»

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Maintenant, sur cette extrême politisation:

Oui, c'est sûr. Le ministre Bolduc n'a pas été le meilleur communicateur du monde. Et désolée pour l'euphémisme…

Oui, il a parfois envoyé des messages contradictoires et n'a pas tenu «une seule ligne et toujours la même ligne», etc….. 

Mais c'est aussi un fait que malgré toutes ses maladresses en «communication», son premier instinct le mercredi soir du 27 mai, fut de reconnaître l'importance de ce que le reportage de Radio-Canada avait révélé. C'est le lendemain que ça s'est gâché.

Et c'est aussi un fait que, contrairement à son prédécesseur, il a mis en branle à l'automne 2008 un processus devant mener à un programme panquébécois d'assurance-qualité en pathologie. Et, donc, qu'il devait savoir qu'avec un tel programme, il devrait aussi éventuellement aller convaincre le conseil des ministres de la nécessité de l'accompagner des ressources nécessaires…. Bonne chance.

Bref, après une semaine de crise surpolitisée, on revient à ce que les pathologistes et le Collège des médecins demandent depuis des années! 

Le problème, je le redis, est qu'il est à la tête d'une immense machine qui bouge à la vitesse d'un escargot! Et qui, semble-t-il, n'appuie sur l'accélérateur qu'en situation de crise médiatique…. C'est tout de même étrange qu'on attende encore les résultats du comité mis sur pied l'automne dernier sur cette assurance-qualité des labos, mais que cet autre comité d'experts mis sur pied la semaine dernière par le ministre pour pondre un programme de retestage ait déjà produit son rapport!

Comme quoi, quant on veut, on peut…  

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En fait, il existe déjà des programmes d'accrédition et des sytèmes de contrôle de qualité externe reconnus pour leur performance optimale.

Dont celui fourni par le College of American Pathologists, déjà utilisé par plusieurs hôpitaux renommés au Canada, dont St-Mary's à Montréal.

Mais il existe aussi d'autres programmes d'une efficacité reconnue. On pense, entre autres, au laboratoire de pathologie de l'Hôpital Général Juif de Montréal et d'autres grands hôpitaux.

Bref, pas besoin de chercher éternellement à réinventer la roue. Elle existe déjà!

S'agit:

– d'imposer le plus rapidement possible, mais de manière responsable, une obligation d'accréditation et de contrôle externe à TOUS les laboratoires de pathologie (en comprenant que plusieurs ont déjà d'excellents programmes de ce type, même s'ils peuvent varier dans leur forme spécifique. LE problème qui reste, ce sont ceux qui n'en n'ont PAS encore);

– et de débloquer les ressources nécessaires.

C'est une question de santé publique.

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Mais il s'agit aussi, de cesser de POLITISER ce dossier qui concerne la qualité des soins offerts aux Québécois.

Mais heureusement, il existe une prescription contre ce mal:

«Moins de politique. Plus de résultats concrets. À prendre tous les jours. Avertissement: risque de dérapage si vous ne suivez pas la posologie»…

Et une double dose le premier jour à Éric Caire de l'ADQ…