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Gaz de schiste: un «virage» majeur?

 

À la réunion spéciale du caucus libéral, le premier ministre Charest et son ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, ont tenu un discours, disons, nettement plus critique envers l'industrie controversée du gaz de schiste.

http://www.cyberpresse.ca/environnement/dossiers/gaz-de-schiste/201101/21/01-4362425-lindustrie-a-perdu-le-controle-selon-arcand.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS3

 

Leur message et ce, dans les mêmes mots pour les deux hommes: «ça va se faire correctement, ou il n'y en aura tout simplement pas.»

Ce virage, du moins quant au discours, arrive après des reportages faisant état de fuites inquiétantes de certains puits (1).

Mais marque-t-il vraiment une «ouverture» à un possible moratoire?

Dans leurs conférences de presse respectives, ni M. Charest, ni M. Arcand ont répondu clairement à cette question. Ni l'un, ni l'autre n'a dit quelque chose comme: si cela devait s'avérer nécessaire pour telle ou telle raison, oui, nous le ferons.

En lieu, les deux hommes ont dit attendre le rapport du BAPE, dû pour la fin février.

Alors, une hypothèse:

Ils n'ont pas tant «ouvert la porte» à un moratoire que le gouvernement aurait surtout choisi d'opérer un changement majeur de stratégie de communication.

Objectifs:

Primo: après l'échec politique complet de la sortie du rapport Bastarache (2), calmer le jeu dans un autre dossier «chaud» et ce, tout en gagnant du temps d'ici le rapport du BAPE.

Secundo: ce dossier soulevant de plus en plus la colère au sein de la population et les sondages montrant toujours un taux d'insatisfaction très élevé envers le gouvernement, il importe d'envoyer un message à l'effet que le premier ministre ne fait pas qu'«entendre» les Québécois  – comme il le répétait récemment à quelques reprises -, mais qu'il lui arrive aussi de les «écouter».  

Tertio: tenter de braquer rapidement les projecteurs sur autre chose que Bastarache avec un message plus positif. Ou, comme le disait le premier ministre ce midi en réponse à une question sur l'opinion publique qui croit encore et toujours les allégations de Me Bellemare: «nous, on est ailleurs»…

En bout de piste, ce que le gouvernement fera ou non d'ici les prochaines semaines, dans ce dossier chaud, dira si ce changement stratégique de «ton» mènera ou non à un changement réel de politique…

Quoique, cette «filière», dans les faits, est tellement mal partie…

Sans compter que dans la balance du processus décisionnel, pèsera sûrement aussi le besoin urgent du gouvernement d'adoucir son image – une image ternie par les deux dernières années d'allégations, entre autres, de copinage. 

Or, avec les intérêts financiers qui sont ici en jeu, de même que la grande proximité du gouvernement avec une industrie où on retrouve plusieurs de ses ex-attachés politiques et chefs de cabinet, tout cela restera en effet à voir. 

N'empêche que pour le moment, le dénouement le plus probable demeure encore et toujours le même, soit que le gouvernement cherche à «encadrer» cette industrie plutôt que d'aller vers un moratoire.

À suivre…

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(1) http://www.cyberpresse.ca/environnement/dossiers/gaz-de-schiste/201101/20/01-4362215-quebec-silencieux-sur-les-fuites-du-puits-a-leclercville.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4362425_article_POS1

(2) http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/laffaire-bellemare/201101/20/01-4362231-rapport-bastarache-charest-gagne-une-bataille-mais-perd-la-guerre.php

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@ Photo: Mathieu Bélanger, REUTERS