BloguesVoix publique

Charbonneau et le chef

Pourquoi donc la juge France Charbonneau a-t-elle accepté de présider une commission d’enquête qui, dans les faits, n’en est pas une selon la loi même des commissions d’enquête?

Mystère et boule de gomme…

Cela dit, un très grand malaise s’est emparé de la politologue en moi en écoutant la période de questions de ce matin. Un malaise et une inquiétude.

Comment réagir autrement face à un gouvernement dont le premier ministre et son ministre de la Justice se cachent sytématiquement derrière ce qu’ils appellent même maintenant «les institutions policières» du Québec?

Le discours sonne faux et creux, bien sûr. Comme un prétexte pour ne pas créer une vraie commission d’enquête publique et indépendante. D’autant plus que plusieurs dirigeants de diverses polices ont demandé une vraie commission d’enquête… Mais cela, c’est une autre histoire.

D’ailleurs, pour justifier son inaction, le gouvernement se drape dans les «enquêtes policières» depuis presque trois ans déjà.

Or, l’inquiétude est d’entendre le premier ministre tenter de répandre un discours gouvernemental qui appelle au délestage de ses propres responsabiltés au profit de «la police».

Depuis quand les élus sont-ils au service des ordres des forces policières dans une démocratie?

Car, répétons-le: le «système» de collusion et de corruption répertorié en partie par le rapport Duchesneau concerne la gestion des deniers publics et des contrats gouvernementaux. Ce qui relève de la responsabilité des élus – du gouvernement – et non de la police.

La police, elle, applique les lois et enquête sur des activités possiblement criminelles. La gouvernance n’est pas de son ressort.

En démocratie, ce sont aussi les élus qui adoptent les lois et créent les règles de droit.

Comme le notait l’éminent Maurice Duverger dans son grand ouvrage classique «Institutions politiques et droit constitutionnel», «l’existence d’un Parlement indépendant caractérise la démocratie libérale».

Or, quoi penser lorsque ce midi à la radio, la vice-première ministre allait même jusqu’à enjoindre les Québécois à «écouter les services policiers»?

Ou encore ce matin, à la période de questions, alors qu’on ne comptait plus les nombreuses références faites par le premier ministre et le ministre de la Justice à «la police», aux «policiers», aux «forces policières», etc…

Et maintenant, même à ce qu’ils appellent les «institutions policières».

De quoi à s’inquiéter.

Les «spins» sont une chose, mais si les mots ont encore un sens, le gouvernement serait sage de ne pas tenir un discours public où il créé l’impression d’abdiquer ses propres responsabilités pour se soumettre supposément aux ordres de «la police»…

Au fait, de mémoire, vous souvenez-vous d’un autre gouvernement qui aurait eu le mot «police» autant à la bouche quant à ce qui touche sa propre gestion des deniers publics?…

gouvernementaux