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«Des choses vont changer», dixit le PM

 

Le vaudeville se poursuit. De rebondissements en rebondissements. Mais sans solution, du moins encore, à l’horizon.

Alors qu’au Collège Rosemont, un énième blessé dans ce conflit quittait en ambulance et après avoir annoncé que des «choses vont changer» cette semaine et que des moyens pour «maintenir l’ordre» seraient appliqués,  le premier ministre Charest accompagnait sa ministre de l’Éducation cet après-midi pour annoncer que Line Beauchamp quittait carrément la politique.

 

Cette démission arrive au bout de quatorze semaines de grève ayant pris des proportions de conflit social majeur et moins de deux  semaines après que La Presse eut révélé qu’elle avait côtoyé un membre notoire de la mafia lors d’un déjeuner de levée de fonds du PLQ.

Mme Beauchamp a d’ailleurs tenu des propos durs et amers envers les associations étudiantes. Cette sortie de politique aura fortement manqué d’élégance et d’humilité.

Avec Nathalie Normandeau, c’est  donc la deuxième vice-première ministre que Jean Charest perd en quelques mois à peine. Ce n’est pas rien.

 

Remplaçant Line Beauchamp urgemment, Michelle Courchesne se voit ainsi retournée à l’Éducation par le PM.

Or, s’il est évident que Mme Beauchamp, pour quelques raisons que ce soit, s’est avérée incapable de tenir le gouvernail de la crise actuelle et d’ouvrir de réelles pistes de solution, il reste que dans tout dossier majeur prenant les allures d’un conflit social, c’est en fait le premier ministre, quel qu’il soit, qui garde les deux mains sur un volant aussi sensible.

Bref, si la nouvelle ministre de l’Éducation semble avoir joué un rôle plus constructif que Mme Beauchamp durant les fameuses négos de 22 heures ayant mené à une «entente de principe» qui fut rejetée massivement par les quatre associations étudiantes, la suite de cette crise appartient, elle aussi, au premier ministre.

 

Quelle sera la «commande» qu’il donnera à Mme Courchesne? Laquelle, en passant, conserve aussi la présidence du Conseil du Trésor…

C’est là, la vraie question. La vraie clé.

D’autant que jusqu’ici, le gouvernement a laissé ce conflit pourrir pour servir ses propres fins politiques.

D’autant que les injonctions se multiplient. Au point où ce ne sont pas les manifs à Montréal qui créent problème, ce sont les confrontations et les interventions policières qui se multiplient en réaction aux injonctions, lesquelles, à leur tour, contournent la démocratie des associations étudiantes.

Un véritable gâchis de gestion de crise sur toute la ligne. Une combinaison troublante de stratégie de division, diversions, improvisation et amateurisme.

Un gâchis qui s’entêtera tant et aussi longtemps que le gouvernement refusera de se pencher sur l’objet même de la grève: une hausse des frais de scolarité de 82% étalée sur les prochains sept ans.

Mais la semaine ne fait que commencer.

Le premier ministre annonce qu’il y aura des choses qui vont changer.

En voilà une.

On attend maintenant la suite…

Et donc, une fois nommée, on nous annonce que Mme Courchesne  convoque les associations étudiantes, les recteurs et les représentants des cégeps pour faire le point…

En point de presse, elle vient d’indiquer qu’elle s’engage à maintenir la communication avec ces dernières, «quoi qu’il arrive» et ajoute qu’elle fera «rapport très rapidement au gouvernement».

«Un moment donné», dit-elle, «il faut se retrouver autour d’une même table». Et ce, avance-t-elle, attendant que les associations étudiantes fassent des compromis.

À ses côtés, le premier ministre – précisant que ce n’est «pas une question d’élections générales» -, répète néanmoins comme avant que le gouvernement a déjà posé plusieurs gestes; que c’est «une minorité» qui n’est pas en cours; qu’il faut que la «majorité» ait accès à ses cours, etc. …

Bref, tout dépendra, encore une fois, de la commande que lui aura passée directement son premier ministre.

À suivre.