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10 lectures pour stimuler l’anarchiste en vous

Petit tour de piste sur la littérature méfiante envers l’État. Tout pour faire plaisir à Éric Duhaime, quoi.

Petit tour de piste sur la littérature méfiante envers l’État. Tout pour faire plaisir à Éric Duhaime, quoi. Plus sérieusement, il s’agit de lectures offrant une vision critique de l’État (comme concept): celles-ci ne reflètent pas nécessairement ma vision du monde (je ne pourrai pas me qualifier d’anarchiste ou de libertarien), mais je les recense ici, surtout, pour leurs qualités littéraires. Lectures solides!

1984, George Orwell

Dans sa dystopie futuriste, George Orwell prédit un avenir où Big Brother nous épie constamment, à la recherche d’informations compromettantes dans la population pour davantage resserrer l’étau de l’État. Mon livre préféré de tous les temps offre une lecture pessimiste du gouvernement et de la vie entre hommes. Double-pensée pour vivre en pleines contradictions, novlangue pour limiter le langage (et la pensée) de la population et destruction publique des ennemis du gouvernement en temps de guerre. Le livre reste malheureusement pertinent à travers les époques et les continents.

 

Catch-22, Joseph Heller

La prémisse est simple : pour éviter le service militaire en pleine période de guerre, il faut prouver sa folie. Mais si on veut éviter le service militaire, c’est qu’on n’est pas fous, donc on ne peut pas l’éviter. Catch 22, le titre du roman, sert désormais à résumer des contradictions systémiques. Joseph Heller y décrit une machine militaire complètement absurde où l’incompétence ne fait que s’intensifier au fur et à mesure qu’on monte en grades. C’est une œuvre tragi-comique qui nous révèle l’incompétence fondamentale de ceux qui souhaitent avoir nos vies entre leurs mains.

 

Atlas Shrugged, Ayn Rand

Il me reste encore 300 pages à lire de ce roman phare d’Ayn Rand, mais je crois avoir compris l’essence du livre (à moins que la philosophe objectiviste ne renie sa pensée capitaliste et individualiste pour laquelle elle est connue vers la conclusion de Atlas Shrugged) : des capitalistes débrouillards et avenants se font complètement voler et limiter par les garçons de Washington (les pilleurs, comme elle les appelle), obsédés avec des créations de lois populistes qui limitent les droits à la propriété et l’innovation technologique et intellectuelle. Hank Rearden et Dagny Taggart ne veulent que construire des chemins de fer et des routes, au mieux de leurs capacités respectives, mais l’État ne cesse de mettre des batons dans leurs roues. Le livre est écrit avec une main de maître, et offre des moments parfois absolument épiques, parfois réellement naïfs.

La lucidité, Jose Saramago

On connait davantage Jose Saramago pour son roman L’aveuglement, porté par la suite au grand écran: tandis que la population entière d’un pays perd la vue, une seule femme est encore capable de voir, soudainement témoin de l’horreur humaine. Quelques années plus tard, ce même peuple décide de voter blanc aux élections. La population ne s’abstient pas de voter, au contraire, elle vote blanc, rejetant massivement les options qui lui sont présentées. Quand le parti encore au pouvoir constate le rejet systémique, il ne peut pas l’accepter : enlèvements, sièges, bombardements « terroristes », manipulation médiatique : le gouvernement est prêt à tout pour faire croire à la population qu’il est leur représentant légitime. Personne ne le croit.

I married a communist

Ce n’est pas le plus grand roman de Philip Roth (parmi ceux que j’ai lus, je dirai que c’est un combat entre The Human Stain et American Pastoral), mais celui-ci illustre la folie McCarthyiste à l’ère de la menace communiste aux États-Unis. Roth illustre à merveille comment la folie peut s’en prendre aux autorités, qui rendront illégales, ou anti-patriotiques, toute forme de pensée critique. On subit, via des familles détruites par des scandales construits par des politiciens et des journalistes, les ravages de la paranoïa dans une communauté délatrice et effrayée. Et comme les personnages d’Ayn Rand, on voit bien que les gestes des élus et des représentants se font davantage par opportunisme que par un quelconque souci du bien commun.

Et quelques autres!

Farenheit 451- Dans ce futur dystopique, les pompiers brûlent des biblothèques parce que la lecture est illégale. Mais un pompier se réveille soudainement et décide de sauver la littérature, malgré les menaces et les poursuites de l’État.

Slaughterhouse V – Un brillant appel à la paix de Kurt Vonnegut, auteur aussi prolifique qu’adorable.

La colonie pénitentiaire – Ce classique de Kafka présente une colonie dans laquelle les prisonniers sont torturés par une lugubre machine de la mort. Brillante satire de l’armée et du système judiciaire punitif.

A thousand splendid suns – Nous sommes en pleine guerre en Afghanistan. C’est le chaos dans les rues. Une femme est arrêtée au poste de police. L’officier l’oblige à rentrer chez elle, vers un mari abusif, faisant respecter les lois sexistes du pays. L’absurdité à son comble.

Les douze travaux d’Astérix. La maison de fous. Essayez donc d’avoir accès au bon formulaire.