BloguesLa blogue de Catherine Genest

Couvrez ce pénis que je ne saurais voir!

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La vitrine controversée de la galerie Rivington Design House, 52 rue Kenmare à New York (via Bowery Boogie)

« L’exposition Clothed female/Naked Male de Bek Andersen fait scandale à New York ».

Cette dépêche ne date pas de l’ère pré-Warhol. Aussi surréaliste que cela puisse paraître, cette nouvelle-là a été écrite cette semaine. En 2014.

Comme au temps des photographes rebelles dans les années 30 et 60 au Québec, les policiers ont fait irruption dans la galerie « fautive » à la demande des voisins plaintifs. La seule différence, c’est que Maurice Duplessis (ou son équivalent américain) n’était pas là pour exiger la censure, le décrochage des oeuvres.

Vous pensez peut-être que la nudité ne choque que les plus puritains de nos voisins du Sud, les porteurs de bagues de chasteté, les adeptes du protestantisme évangélique? Pas pantoute. Rappelez-vous de ce qui s’était passé ce printemps au Pays de la Loire quand le Front national avait empêché une représentation de Tragédie par Olivier Dubois.

Tragédie, par Olivier Dubois (via La Rotonde)
Tragédie, par Olivier Dubois (via La Rotonde)

Le Québec et le web n’y échappe même pas. Cet automne, mon propre compte Facebook et celui du VOIR ont été signalés puis temporairement bloqués pour cause de « contenu pornographique ». J’avais partagé mon pré-papier sur un spectacle (magnifique, d’ailleurs!) de la chorégraphe montréalaise Virginie Brunelle. Les seins nus de l’interprète Isabelle Arcand avaient été jugés offensants par mes délateurs.

Foutrement, par Virginie Brunelle (photo: Tobie Marier-Robitaille)
Foutrement, par Virginie Brunelle (photo: Tobie Marier-Robitaille)

La plupart du temps, je ne comprends pas comment on peut mélanger art et porno. Le cadre est tellement différent! Sans parler du que les intentions des créateurs de ces images ne sont pas du tout les mêmes.

Le hic, c’est que la ligne est parfois difficile à tracer. Est-ce que c’était de l’art, cette performance de Miley Cyrus et de Robin Thicke au MTV Awards de l’an dernier? Y’a matière à débat.

Suis-je la seule à trouver la société occidentale cruellement hypocrite? Pendant ce temps, les pubs de parfums érotico-chic sont placardées dans les stations de métro et on se sert du corps de la femme pour vendre toutes sortes de produits dans les boutiques ou à la télé. Ce n’est vraiment pas nouveau.

Mais revenons à nos moutons. Qu’est-ce qui choque le plus avec cette exposition présentée dans le quartier Soho? Serait-ce l’inversion des rôles? Le fait d’habiller les femmes et de dénuder les hommes? Même si je n’ai pas eu la chance de voir l’expo, j’ai l’impression que le titre Clothed Female/Naked Male annonce un gros statement féministe. Est-ce que c’est là que le bât blesse?

La photographe Bek Andersen au vernissage de l'exposition Clothed Female/Naked Male (via @bekandersen)
La photographe Bek Andersen au vernissage de l’exposition Clothed Female/Naked Male (via @bekandersen)

Selon les journalistes et blogueurs locaux, c’est davantage le caractère peu « famille friendly » de l’exposition qui dérange. Faudrait surtout pas que les enfants – qui vont à l’école ou à la garderie juste à côté de la galerie – ne soient mis en contact avec l’image d’un homme adulte nu.

Elle est loin, mes chers amis, l’époque où on avait des cours d’éducation à la sexualité au primaire. Dans mon temps, il me semble qu’on nous montrait des illustrations de corps nus post-puberté dans nos cours de Formation personnelle et sociale (FPS).

 

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Vous voulez/pouvez y aller? Clothed Female/Naked Male est présentée à la galerie Rivington Design House de New York jusqu’au 15 août.