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Envol et Macadam 2014: Le neu’ pousse sur le vieux (entrevue avec François Valenti)

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Je suis excité rare. Et non, je ne suis pas assis sur une laveuse en marche. C’est que la programmation d’Envol et Macadam n’a juste pas de bon sens cette année. J’en parle avec François Valenti, responsable des relations de presse de l’événement, et tant qu’à faire, on aborde d’autres sujets qui font lever le poing…

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Moi: De tous les gros noms cette année, il y en a un qui attire particulièrement mon attention: Screeching Weasel. Le groupe fait très peu de spectacles et d’autres promoteurs m’ont déjà dit que c’était un groupe très dur à avoir. Comment avez-vous fait?

François Valenti: Honnêtement, je ne connais pas tous les détails, mais ce que je peux te dire, c’est que je suis étonnament surpris par l’engouement. Je ne suis pas sûr, mais je pense que c’est la première fois qu’ils viennent à Québec, ça doit être pour ça!

Le festival existe depuis 19 ans et, depuis une couple d’années, on a fait plusieurs shows importants dans le genre (comme NOFX ou le dernier show de No Use For A Name). Beaucoup de gens du milieu savent que le festival est une destination à chaque année et ils aiment toujours leur expérience et le décor urbain dans lequel le festival est installé. Les graffitis sous les viaducs, ça fait punk!

Est-ce que la réputation à elle seule peut suffir à séduire un groupe ou si, même dans le milieu punk, les gros sous parlent en premier?

Plusieurs aspects entrent en ligne de compte. Il y a beaucoup de bouche-à-oreille entre les groupes et leur entourage. Un groupe comme Screeching Weasel sait qu’il s’en vient dans un festival avec une bonne réputation, devant une foule qui les attend.

Quel autre groupe êtes-vous fiers d’avoir cette année?

Sublime With Rome, parce que ça aussi, c’est une première à Québec, même du temps du premier chanteur. C’est un groupe qui passe encore régulièrement à la radio, qui ratisse large et qui est à l’image du festival. On a toujours voulu rester assez large dans la marge underground.

Est-ce que l’équilibre entre le côté underground et plus pop est vital pour Envol et Macadam?

Je pense que c’est bon d’avoir une diversité. Les festivals en général doivent savoir varier les styles même s’ils sont dans un certain créneau. Envol et Macadam est un organisme qui soutient la musique émergente au sens large et pas seulement un style. Mais on ira jamais dans le gros pop, là! [rire]

Une tendance qu’on remarque depuis quelques années, c’est le retour de vieux groupes en têtes d’affiches des festivals. Envol et Macadam s’inscrit dans cette tendance et certaines personnes peuvent reprocher cette orientation plutôt nostalgique. Qu’en penses-tu?

S’il y a un festival qui donne du soutien a la relève, c’est vraiment Envol et Macadam. On ne peut pas dire qu’on n’est pas tourné vers l’avenir, on est même précurseur! Je pense au volet Planetrox entre autre [ndlr: On y reviendra].

Par exemple, le groupe Mordicus, un groupe du Saguenay, joue depuis cette année à la radio, mais on les avait dans notre programmation il y a 4 ans…C’est un exemple du Québec, mais il y a un groupe de Malaisie qui est venu jouer il y a quelques années et qui rendu avec 3 millions de fans Facebook! Ça doit être vraiment rendu gros là-bas [rire].

J’imagine que les gros noms du passé – si je peux dire ça comme ça – drainent malgré tout encore plus de monde que bien des groupes de l’heure. Ils doivent permettre de soutenir une structure imposante comme celle du festival?

Oui, sans ces groupes, on ne pourrait pas faire survivre le festival, mais en même temps, on a déjà eu Metric et Chromeo en têtes d’affiches. Faut savoir doser. Aussi, c’est pas juste ce que tu projettes vouloir faire, mais ce qui se peut. Il y a tout un coté de disponibilité de groupes et de timing. Screeching Weasel, pour revenir à eux, c’est avant tout un timing!

Il faut aussi faire la part des choses. Cette année, il y a des groupes comme Sick Of It All qui donnent un show autant énergique, sinon plus, qu’à leur début il y a près de 30 ans.

C’est clair! L’expérience n’est pas à négliger. Plusieurs vieux bands sont également meilleurs maintenant, parce qu’à l’époque, ils étaient peut-être un peu trop sur la fête [rire]. Si ces groupes-là peuvent tourner encore, c’est qu’ils ne sont généralement pas encore au bout de leurs possibilités. Aussi, ben souvent, ça fait des gens plus généreux dans leurs spectacles. Par exemple, j’ai été surpris par Fat Mike l’an passé, comment il était généreux sur scène et après, avec le public.

1381459_445284258926468_54343_nNOFX, Envol et Macadam 2013, Photo: Étienne Dionne

Ces dernières années, quelques groupes qui ont été plongés dans des controverses ont joué au festival. Cette année, c’est Screeching Weasel, dont le chanteur avait été critiqué pour avoir bousculé deux femmes dans un spectacle il y a trois ans. Êtes-vous sensibles à ce genre de controverse?

Oui, c’est sûr et on peut être freiné sur certaines affaires. C’est vraiment du cas par cas. En ce qui concerne Screeching Weasel, c’est plate, mais c’est des choses qui arrivent malheureusement dans une soirée. Mais imagine-toi le nombre de shows que ces gars-là peuvent donner dans leur vie. Des fois, des choses peuvent arriver et on ne sait pas ce qui s’est passé avant [la vidéo de l’altercation]. On est a l’ère de Youtube. Ce genre de scandales-là se propagent très vite.

Oui, en 1995, on en aurait probablement jamais entendu parler…

Exactement! Il y a toujours eu ce genre d’altercations et il y en aura toujours. C’est juste qu’on est plus exposé à ça de nos jours. Je sais pas combien de personnes ont été blessées par le micro d’Axl Rose dans les années 90, sauf que dans ce temps-là, on ne le voyait juste pas. Je suis sûr que ce genres de choses a pu aussi arriver dans un show de New Kids On The Blocks! [rire]

Depuis quelques années, Envol et Macadam fait partie de la délégation québécoise au South By Southwest. On questionne parfois la pertinence de ce genre d’offensives. De votre côté, est-ce que ça vaut la peine?

Je pense que oui. Veut, veut pas, y a des contacts qui se créent dans ce genres d’événements. Il y a le SXSW, mais aussi Planetrox qui donne beaucoup de visibilité à Envol et Macadam et à la ville de Québec. Il y a également un volet touristique à tout ça. Le gars du Texas qui n’a jamais entendu parler du Québec va au moins avoir entendu le nom une fois dans sa vie [rire].

Les contacts dont tu parles débouchent-ils souvent à la venue d’un groupe à Québec?

Dans le cas de Planetrox, oui, parce que c’est la structure qui est faite comme ca. Ça implique 9 pays et on reçoit des groupes de partout sur la planète. Le jeudi du festival est toujours magique à cause de ça; des groupes du Japon et du Québec qui parlent ensemble et s’échangent des disques, c’est beau à voir! On provoque des croisements de destin. Ça donne pas toujours de quoi, mais des fois…

Un exemple?

Il y a peut-être 4 ans, un producteur du Japon, de passage au festival, avait accroché sur Molly’s Decline [un groupe de Québec]. Un mois après, ce band s’envolait au Japon!

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Envol et Macadam
avec Sublime With Rome, Screeching Weasel, Less The Jake, Grade, Sick Of It All, Madball, Planet Smashers et plusieurs autres.

4 au 6 septembre 2014,
Ilôt Fleurie, Québec

42,50$ (pour les 3 jours)

Envoletmacadam.com