Mario G : La Grosse Princesse
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Mario G : La Grosse Princesse

A moins d’être aussi folle que les narratrices précédentes de Marie Auger, on n’aurait jamais osé mettre les deux premiers titres du romancier entre les mains de jeunes lecteurs, que le délire verbal et les bizarreries de Tombeau et du Ventre en tête auraient pu pétrifier. Mais voilà qu’un troisième roman, signé de l’homophone Mario G. (derrière lequel ne s’efface plus que pour la forme le nom de l’auteur, Mario Girard), pourrait bien plaire plus particulièrement à un public jeune adolescent. C’est La Grosse Princesse, qui raconte, encore avec force mots d’esprit mais dans une narration qui ne déroutera personne, quelques jours dans la vie d’une petite fille et de sa famille.

Vraisemblablement inspiré par la fille de l’auteur (ou l’a-t-il inventée de toutes pièces?), La Grosse Princesse donne la parole à la petite Charlotte Thébergirard, 4 ans, aussi spirituelle et tannante que les autres pestes du même âge. Elle a bien quelques ennuis de santé – une myopie qui la condamne à chausser des lunettes, et un diabète qui la garde loin des sucreries et proche de l’hôpital -, mais en rien comparables à ceux des Marie et Maurice, voués à la folie à perpétuité. Ce qui la ronge vraiment: ne pas encore savoir lire et écrire tous les mots compliqués et les gros mots que son papa romancier et sa maman prof de français lui apprennent et se lancent parfois un peu par la tête.

Dans l’attente d’explorer le royaume de la maternelle, Charlotte prendra le pouls des injustices et des dangers du monde, en jouant sur la planète mystérieuse du carré Saint-Louis, et en accompagnant sa mère en excursion rue Saint-Denis; elle s’assurera également d’avoir toute l’attention de son père en encombrant le bureau où il essaie d’écrire.

Du Marie Auger beaucoup moins bouleversant, mais qui donne l’occasion à des lecteurs tout juste issus de l’enfance d’appréhender cet auteur, qui s’en donne manifestement à cour joie avec la langue, dans un univers qui ne les effarouchera pas. Éd. xyz, 1998, 212 p.