Jasmine Dubé : Dame plume
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Jasmine Dubé : Dame plume

Lorsqu’elle a quitté la Gaspésie pour aller étudier l’interprétation à l’École nationale de théâtre de Montréal, JASMINE DUBÉ ne se doutait pas que l’avenir l’amènerait à travailler auprès des jeunes, malgré le fait que le monde des enfants l’ait toujours attirée. Portrait d’une femme résolument tournée vers la jeunesse.

Certes, Jasmine Dubé est comédienne, mais on la connaît surtout pour son implication auprès des jeunes en tant que scénariste et auteure. Elle a, entre autres, participé à l’écriture de la série Passe-Partout et collabore actuellement à celle de l’émission Macaroni tout garni. Par ailleurs, c’est le goût de raconter des histoires à ses enfants qui l’a amenée à écrire des albums et des romans. «J’aime le contact avec les enfants, ils sont directs. Avec eux, il n’y a pas de compromis, ils aiment ou ils n’aiment pas», explique l’auteure qui a reçu, il y a deux ans, le prix Arthur-Buies pour l’ensemble de son ouvre et, plus récemment, la médaille de la Culture française. Autre fait remarquable, sa pièce, La Bonne Femme, a remporté trois Masques dont celui du meilleur texte et celui de la meilleure mise en scène. Une première en théâtre jeunesse!

Malgré tout, Jasmine Dubé ne considère pas la partie gagnée et se tourne résolument vers l’avenir. Elle déborde d’idées, de projets et nombreux sont les sujets qu’elle veut aborder. A ce chapitre, elle n’a d’ailleurs pas l’habitude d’opter pour la facilité: «Je pense que c’est le travail des artistes d’aller en dehors des sentiers battus.» Elle n’a pas peur d’aborder les sujets dont personne ne parle et se fait un devoir de trouver les bons mots pour le faire. «On peut tout dire aux enfants», affirme-t-elle avec conviction. Par exemple, elle aborde le thème des enfants agressés dans sa pièce Bouches décousues et celui de la mort dans son livre L’horloge s’est arrêtée. Elle parle aussi d’une fausse couche dans le roman Fais un vou Nazaire!, chose qui, selon elle, n’avait jamais été faite en littérature jeunesse au Québec. «Il y a du défi à aller vers l’inconnu, la difficulté», croit-elle.

Ses sujets, elle les choisit en fonction de ses goûts. Elle parle de ce qui la touche et espère que ça touchera aussi les enfants. Avec sa pièce Bouches décousues, jouée au Québec, en Suisse, en France et bientôt en Belgique, Jasmine Dubé poursuivait des objectifs didactiques, elle voulait amener les enfants victimes de violence à parler. Aujourd’hui, son but est plutôt de communiquer avec les enfants, de s’exprimer, de les toucher, sans leur dire quoi faire ou quoi penser. «Il faut que ça reste de l’art», conclut-elle. Sa lutte, c’est de faire comprendre à tous que l’enfant est une personne à part entière.

L’Arche de Noémie, sa dernière pièce, sera bientôt présentée à Québec par le Théâtre Bouches décousues, qu’elle a co-fondé en 1986. Après une inondation, une fillette se retrouve seule, sur une embarcation de fortune, au milieu de nulle part. Selon Mme Dubé, l’aspect dramatique de la pièce est directement lié au sentiment d’impuissance qu’inspire une telle situation. Une pièce dérangeante, donc, mais «le théâtre est aussi là pour déranger», rappelle l’auteure qui reconnaît que le fait d’avoir sa propre troupe comporte plusieurs avantages, dont celui d’avoir «un regard artistique sur la création». Le spectacle est ainsi plus fidèle à l’idée originale de l’auteur, à sa vision des choses.

Jasmine Dubé vient de publier un album pour les tout-petits, Grattelle au bois mordant, (La Courte Échelle) et son héros Nazaire devrait bientôt vivre de nouvelles aventures…