Livres

Le Salon du livre de Québec : Tourner la page

Un an et demi de chicane et de restructuration plus tard, le Salon du livre de Québec a fait peau neuve. Les lecteurs, à la patience éprouvée, vont-ils se faire prier pour passer au Salon?

J’en entends quelques-uns soupirer d’aise. Il aura fallu plusieurs mois de fervent boulot pour y parvenir, mais le Salon du livre de la capitale est bel et bien ressuscité. La nouvelle équipe de direction, sous la houlette de Philippe Sauvageau, a mis les bouchées doubles, depuis l’automne, afin de faire oublier la guéguerre qui a laissé craindre le pire pour l’événement et fait l’objet d’échos médiatiques exagérés.

Trêve de ragots, donc, la page est tournée. La bisbille interne a cent fois moins d’intérêt que les bouquins, de toute manière. Le Salon du livre de Québec, dont les portes sont ouvertes jusqu’à dimanche prochain, promet de satisfaire les lecteurs de tout poil, depuis celui qui en est encore à décoder l’alphabet jusqu’au lecteur boulimique, celui qui vit davantage dans les pages que sur le plancher des vaches.

Au programme, cinq jours de rencontres littéraires, de causeries, de tables rondes et de conférences, sous le thème général du Salon: \«Lire sans frontières». Plus de 450 auteurs y sont présents, un record. Dans la nouvelle formule, chaque journée se voit consacrée à un invité de marque, dont Claire Martin, Neil Bissoondath et Paule Constant (prix Goncourt 1998).

Si la Foire internationale en sciences humaines et sociales fait désormais partie des souvenirs, les organisateurs proposent néanmoins un volet conférences étoffé. À surveiller: Nationalisme et problèmes linguistiques, animée par le Belge Vincent Engel; Crise de la modernité! Maître Eckhart pourrait être un antidote, avec le philosophe et écrivain Jean Bédard (Maître Eckhart, Stock); et L’Histoire de l’univers, animée par l’excellent vulgarisateur Hubert Reeves. Aussi au menu: des tables rondes portant sur Internet, le cinéma engagé (ça existe encore?), et la nation québécoise à l’aube de l’an deux mille, où l’imparable Jacques Parizeau et quelques autres caresseront leur boule de cristal.

Plus innovateur, l’événement intitulé Les Grandes Tirades _ de Chimène à Germaine sera l’occasion d’entendre des comédiens professionnels réciter des extraits de textes qui ont fait les beaux jours du théâtre depuis le XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. Guy Nadon et Robert Lalonde, entre autres, feront vivre quelques personnages légendaires. Quand Cyrano côtoie Hosanna… Le vendredi 9, 20 h.

Le jeudi 8, 21 h, place aux poètes. Le public est convié à une grande soirée de poésie, qui verra une douzaine d’écrivains réciter leurs plus beaux textes. Hélène Dorion, Jean Désy, Werner Lambersy et Renaud Longchamps seront du nombre.

Si le regretté Marc Sautet n’est plus là pour animer l’événement, le café philosophique a, cette année encore, sa place au Salon. Le dimanche 11, de 11 h à 13 h, Antoine Gautier reprendra le flambeau du créateur des cafés philo.

Par ailleurs, la Rencontre québécoise internationale des écrivains coïncide cette année avec le Salon du livre. Tenue pour la première fois entre les murs de la capitale, cette rencontre est organisée par l’Académie des Lettres du Québec et réunira, du 9 au 12 avril, treize auteurs d’ici et d’ailleurs. Gaétan Soucy, Herménégilde Chiasson, Suzanne Jacob et quelques autres développeront la thématique de «l’écrivain et l’enfance*».

Le livre, voilà bien le plus sûr des repères à une époque qui n’en compte guère, l’une des rares denrées de ce monde à consommer sans la moindre modération. Espérons que les lecteurs seront nombreux, d’ici à dimanche, à passer les portillons du Salon du livre de Québec. Info: 418-692-0010