André Lemelin : Hold Up!

Ce sont loin d’être des histoires pour endormir les enfants que ces Contes du Centre-Sud rassemblés par André Lemelin sous le titre de Hold-up!. Ce sont plutôt des histoires de nuits blanches et d’insomnies.

Hold-up! est un livre qui parle avec l’accent de la rue. La chose va faire frissonner d’horreur les intégristes de l’orthographe et les saintes nitouches de la grammaire. André Lemelin y tire la langue aux bonnes manières stylistiques: parce que c’est la seule façon de parler pauvreté, de parler prostitution, de parler misère.

Hold-up! est un livre qu’on prend dans la gueule, et qui fesse fort! Ça rappelle les grandes pièces de Tremblay; ça rappelle Le Cassé, de Jacques Renaud. Comme du Louis-Ferdinand Céline sur fond de fleuve Saint-Laurent. Ça nous rappelle surtout que la littérature, ça vaut parfois bien des coups de poing sur la table. Ça nous rappelle que, trop souvent, la seule façon de se faire vraiment entendre, c’est en gueulant, c’est en crachant au visage de la bonne conscience.

Hold-up! nous en donne pour le peu d’argent que nous laissent nos fins de mois. Car ce livre est aussi un disque. L’ouvrage est accompagné d’un CD sur lequel on retrouve cinq des six textes du bouquin, superbement racontés sur fond de musique du groupe Zéro de conduite.

Hold-up! est un cri de rage et un sursaut de dignité. Ces Contes du Centre-Sud sont sans doute l’un des meilleurs antidotes qui soient contre le mépris dont sont victimes les perdants de la mondialisation et du déficit zéro. Un livre qui fait en sorte qu’on se dit, après l’avoir refermé, qu’on va y aller à la prochaine manif pour soutenir le projet «pauvreté zéro»… Éd. Planète rebelle, 1999, 53 p.