Marie Gagnon : Les Héroïnes de Montréal
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Marie Gagnon : Les Héroïnes de Montréal

Force est d’admettre que Marie Gagnon, qui a vécu l’enfer de l’héroïne, pour aboutir en prison, sait de quoi elle parle quand elle aborde l’épineux sujet toujours brûlant d’actualité de la dépendance aux drogues dures. Toutes les nouvelles sentent le vécu, ce qui les sert plutôt bien dans certains  cas.

Difficile de dire, à la suite de la lecture de son second livre, si Marie Gagnon, qui nous avait déjà donné Bienvenue dans mon cauchemar, en 97, fabrique de la littérature. Toutefois, force est d’admettre que la jeune femme, qui a vécu l’enfer de l’héroïne, pour aboutir en prison, sait de quoi elle parle quand elle aborde l’épineux sujet toujours brûlant d’actualité de la dépendance aux drogues dures. Toutes les nouvelles (c’est ainsi que l’éditeur désigne les vingt-sept textes du recueil) sentent le vécu, ce qui les sert plutôt bien dans certains cas. «-Depuis, la vie m’est d’une fadeur intolérable. J’ai soif de couleurs. Je retourne donc à mes ruelles, à ma seringue, à mes soeurs et frères de l’itinérance. Je ne me coucherai plus avant la tombe. Aujourd’hui est un premier anniversaire et je sais qu’il n’y en aura pas de second. À quoi bon exister sans vivre?-» (La Rechute)

On est loin des reportages ronflant, de compassion des bulletins de nouvelles, ou des caricatures misérabilistes presque sensationnalistes des séries télé ou du cinéma. Le malheur édifié par Marie Gagnon au fil de cette série de polaroids est pudique même s’il se met à nu, authentique sans être mélodramatique. Comme si elle disséquait sa souffrance avec la froideur d’un médecin légiste.

Toutefois, le piège du témoignage de la droguée qui utilise l’écriture à des fins thérapeutiques pointe toujours, ce qui nous vaut des textes aux allures de journal intime, sans grand intérêt, ne dépassant pas le récit quotidien des mésaventures d’une junkie. Et à ce niveau-là, ça n’intéressera que ceux qui ont vécu de très près de telles situations.

Loin de nous livrer un message d’espoir, Les Héroïnes de Montréal nous entraîne dans un tunnel au bout duquel on ne trouve pas de lumière. S’il faut chercher à ce livre une utilité, c’est sans doute de décourager quiconque le lit de vouloir se planter une seringue dans le bras. Il faudrait toutefois que les pushers d’héroïne tiennent commerce devant les librairies plutôt que dans les cours d’écoles. Éd Vlb, 1999, 106 p.