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François Barcelo : Qui vous a donné votre première chance?

François Barcelo: «C’était en 1960 ou pas loin. Nous étions neuf copains et copines, décidés à fonder une revue littéraire. Nous avions un titre: Essais et Erreurs. Et quelques poèmes et nouvelles de notre cru. Mais rien pour attirer l’attention du public, même le plus averti. Par je ne sais quel miracle, Marie-Claire Blais avait accepté de nous confier un  poème…»

François Barcelo:«C’était en 1960 ou pas loin. Nous étions neuf copains et copines, décidés à fonder une revue littéraire. Nous avions un titre: Essais et Erreurs. Et quelques poèmes et nouvelles de notre cru. Mais rien pour attirer l’attention du public, même le plus averti.
Par je ne sais quel miracle, Marie-Claire Blais avait accepté de nous confier un poème, qui eut droit aux premières pages du premier numéro. Elle était déjà écrivaine célèbre et célébrée, même si elle avait à peu près notre âge.
Cela n’a pas empêché Essais et Erreurs de disparaître après son deuxième numéro. Trois des neuf sont malgré cela devenus écrivains pour de bon.
Je me suis souvenu de cette histoire, il y a deux ans, lorsque des jeunes d’une nouvelle génération m’ont demandé d’offrir un texte à la revue qu’ils s’apprêtaient à lancer.
J’avais une nouvelle toute prête, que j’aurais sûrement préféré vendre ailleurs. Mais je me suis souvenu de ce que Marie-Claire Blais avait fait pour les jeunes d’Essais et Erreurs. J’ai donc envoyé ma nouvelle à Tableaux, qui m’a payé dix-huit dollars. (Quelques mois plus tard, le magazine de bord d’Air France me payait presque cent fois plus pour la rééditer à six millions d’exemplaires, mais cette histoire-ci n’a pas vraiment besoin de cette morale-là.)
J’ai rencontré Marie-Claire Blais brièvement, pour la première fois, l’an dernier. Je n’ai pas eu la présence d’esprit de la remercier, bien tardivement, pour Essais et erreurs.
J’espère qu’elle lit Voir.
Et que Tableaux existe toujours.»