Michel Gendron/Jean-Jacques Pelletier : Qui vous a donné votre première chance ?
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Michel Gendron/Jean-Jacques Pelletier : Qui vous a donné votre première chance ?

Pendant l’événement La Relève… une histoire à suivre, nous demandons chaque semaine à deux écrivains, l’un connu et l’autre moins, comment se sont déroulés leurs débuts dans le métier.

Michel Gendron, auteur d’un premier roman, Bethsaïda (Éd. Libre Expression)

«Bethsaïda est le premier ouvrage que j’ai osé envoyer à un éditeur. C’était un livre ambitieux, qui m’a pris en tout six ans à écrire, et à publier. J’ai fait ce livre seul, c’était un rêve que je caressais depuis longtemps; seule ma conjointe, qui est poète, m’a donné des conseils, mais je n’avais pas vraiment de mentor. Donc pour tout le reste, c’est-à-dire l’envoi à l’éditeur, la publication, j’ai fait ça tout seul. D’ailleurs, je dois vous avouer que je n’avais pas beaucoup d’illusions; j’attendais plutôt des refus. Certaines maisons ont eu la délicatesse d’envoyer une lettre de commentaires, ce que j’ai trouvé très gentil et professionnel. Mais la plupart ne se donnent pas ce mal. Et puis j’ai eu la réponse de Libre Expression, et le conte de fées a commencé. Bien sûr, il m’a fallu retravailler le roman, et nous avons coupé plus de cent pages! Mais c’était pour le mieux, car depuis la publication, la réponse au roman est formidable.»

Jean-Jacques Pelletier, auteur de plusieurs romans, dont La Chair disparue et L’Homme trafiqué, paru dernièrement (Éd. Alire)
«Mes débuts? D’abord une série de faux départs. 1982. Deuxième place au Robert-Cliche avec Les Parties froides. Le manuscrit n’a pas été publié, mais rétrospectivement… on m’a rendu service. 1985. Les Quinze refusent L’Homme trafiqué mais me demandent de les appeler pour en parler. Possibilité de publication moyennant remaniements. Puis tout tombe à l’eau. Les Quinze ont décidé de ne pas publier de thrillers québécois, me dira-t-on plus tard. 1985. Troisième faux départ. Ou plutôt: un vrai départ, mais à retardement. Un ami envoie mon manuscrit à Norbert Spehner, alors directeur de collection au Préambule. Après les remaniements d’usage, il publie L’Homme trafiqué en 1987. Mais le livre ne connaîtra une véritable diffusion qu’en février 2000… lorsqu’il sera réédit par Alire. Points positifs: j’ai rencontré Norbert; je mesure mieux ce qu’est le "travail" d’écriture.
Plusieurs chances, donc: d’abord celle de ne pas être publié trop tôt. Puis celle d’apprendre à travailler sur la complexité des structures narratives avec Norbert Spehner et Jean Pettigrew. La chance, également, d’explorer l’univers de la nouvelle avec Gilles Pellerin – il publiera, à l’Instant même, L’homme à qui il poussait des bouches, qui inclut la nouvelle primée au Concours de nouvelles de Radio-Canada. Mes débuts doivent beaucoup à ces éditeurs. Mais, la toute première chance, bien des années avant tout cela, ce fut d’avoir des amis premiers lecteurs capables de critique véritable. Des amis qui m’ont aidé à comprendre que la volonté de s’exprimer, si impérieuse soit-elle, est souvent le principal obstacle à surmonter pour apprendre à construire et à communiquer, particulièrement en littérature.»