Le Festival de la littérature mondiale : Des mots qui sonnent
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Le Festival de la littérature mondiale : Des mots qui sonnent

La sixième édition du Festival de la littérature mondiale, organisée par l’Union des écrivaines et écrivains québécois, a débuté en grâce et en beauté vendredi dernier avec la présentation du spectacle Anne Hébert: À la source du  monde.

La sixième édition du Festival de la littérature mondiale, organisée par l’Union des écrivaines et écrivains québécois, a débuté en grâce et en beauté vendredi dernier avec la présentation du spectacle Anne Hébert: À la source du monde, une heure intense où la poésie de la grande écrivaine disparue était portée par la voix chaude de la comédienne Patricia Nolin. Cela se passait dans la salle au cachet vieillot Le Lion d’or, et le poète et
dramaturge Michel Garneau, complice sensible, était au piano pour la partie musicale.
Magnifique interprète, l’actrice a lu des extraits de l’Ouvre poétique 1950-1990 et des Poèmes pour la main gauche de la façon la plus juste, comme la poésie doit être dite, c’est-à-dire avec lenteur et sobriété, mais aussi avec l’intensité, la tension intérieure et l’humour aussi qu’on peut y mettre. L’oeil pétillant, le regard parfois espiègle, à d’autres moments recueillie ou grave, elle nous a offert une prestation où ressortait la luminosité de la poésie d’Anne Hébert, qui en éclairait aussi, en fait, les côtés sombres.

Son accompagnateur pianiste ponctuait les lectures de rythmes parfois rêveurs – rappelant quelque peu le Keith Jarrett du Köln Koncert – , parfois enjoués ou dramatiques, jouant des dissonances, créant des intermèdes atmosphériques permettant à l’auditoire de respirer un peu. Car la poésie est dense, volatile, fluide, elle naît entre deux mots et s’échappe à la ligne suivante, éclair de vie, de beauté insaisissable. Il n’est malheureusement pas donné à tout le monde de la faire vivre sur scène.

Le débat n’est pas nouveau: qui, des auteurs ou des comédiens, arrive le mieux à dire la poésie? Il n’y a sans doute pas de règles, et toujours des exceptions. Au Festival de l’UNEQ, on a plus souvent l’occasion d’entendre les auteurs eux-mêmes et la démarche a du mérite, bien que le résultat ne soit pas probant dans tous les cas.

Une soirée consacrée aux auteurs de la ville de Québec et de ses alentours, intitulée Québec dans sa littéature, présentée samedi à la maison de la culture Plateau-Mont-Royal, comptait du bon et du moins bon. Placés sous la direction artistique de l’écrivain André Ricard, la soirée manquait d’une unité thématique et d’un certain dynamisme. Des auteurs, les yeux rivés sur leur texte, tête penchée sur un lutrin, la voix pas toujours assurée, semblaient suivre l’exemple du présentateur, Sébastien Ricard, qui, mains
dans les poches, ne prenait que très timidement contact avec le public.

Se démarquaient de l’ensemble l’écrivain et éditeur Gilles Pellerin, lecteur chevronné; Serge Lamothe, dont la dédicace à Dédé Fortin, «comme d’autres tombé au champ d’honneur de ce pays fictif», marqua un moment d’émotion; puis Monique Miville-Deschênes, dont la démarche poétique et chansonnière est teintée d’exigence, de simplicité et de générosité.

Un autre hommage, croisé, à Dédé Fortin et à Janou Saint-Denis, «poète animante» de Place aux poètes décédée le 11 mai, a été rendu en toute simplicité par Hélène Monette et José Acquelin, dimanche après-midi au carré Saint-Louis, lors d’une fête de la parole mise en scène par D. Kimm et animée par Suzanne Lemoine. Par un temps frisquet, très venteux, une foule dispersée et familiale a pu entendre plusieurs jeunes poètes non publiés, des enfants et des adolescents, et les écrivains Sylvie Dion, Kim Doré, Étienne Lalonde et Guillaume Vigneault. Le tout agrémenté des airs enlevants de la Fanfare Pourpour. Un événement que la chaleur du soleil aurait rendu
tout à fait agréable.

Le Festival de la littérature mondiale se poursuit jusqu’au samedi 20 mai, avec la présentation, notamment, du spectacle L’Archipel des mots, qui réunit des écrivains étrangers et québécois ce soir au Cabaret Music-Hall; d’une Carte blanche à Patrice Desbiens, vendredi, à la maison de la culture Plateau-Mont-Royal; et bien sûr de La Valse des adieux, un texte de Louis Aragon lu par Jean-LouisTrintignant, au Lion d’or jusqu’à samedi. (Info-festival: [514] 828-3061, site www.uneq.qc.ca/festival

Espace-livre du 5e Salon africain et créole
Les mots, comme le clament avec raison les participants du Festival de littérature mondiale, servent à changer le monde. Et heureusement que des gens y croient encore. L’Espace-livre du Salon africain et créole sera l’occasion en fin de semaine de prendre part à des débats importants sur l’avenir de l’Afrique, et d’affiner notre point de vue sur les événements qui secouent et ravagent ce continent. Le jeudi 18 mai, à la Librairie Gallimard, aura lieu une rencontre intitulée: Des mots pour dénoncer, devoir de mémoire pour le Rwanda, débat organisé avec le Centre Lester B. Pearson pour la formation et le maintien de la paix. Seront présents, entre autres, le journaliste et auteur François Bugingo, l’écrivaine Yolande Mukagasana, rescapée du génocide rwandais, Josias Sémujanga, auteur des Récits fondateurs du drame rwandais. Le vendredi 19, à la librairie Chapters, on s’interrogera sur l’Afrique et ses rapports avec la francophonie (Écriture et expression dans le cadre de la francophonie), débat organisé avec le concours du Festival de littérature mondiale. Les invités seront Mongo Beti (Branle-bas en noir et blanc), Malika Oufkir (La Prisonnière), Joël Des Rosiers (Vétiver), Jean Louis Roy (Une nouvelle Afrique), Hédi Bouraoui (La Pharaone) et Aoua Ly Tall, présidente de Femmes africaines Horizon 2015. Enfin, le 20, c’est un débat important également qui se tiendra chez Champigny: Crises africaines d’est en ouest: du Soudan à la Sierra Leone. Quand la guerre du pétrole et des diamants prend la relève de la guerre idéologique. Ces débats seront précédés, ou suivis, de lancements de livres et de rencontres avec les écrivains et intervenants. Pour avoir plus de renseignements sur les heures, les lieux ou tout autre question téléphonez au 284-2602.