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Les Aventures hallucinantes de Gusse Oualzerre 1 : L’Oeil privé

Il est puceau par conviction, philosophe à ses heures, atteint de la maladie de Crohn (du nom du médecin américain qui a découvert cette affection de l’intestin grêle), mais déterminé à réussir sa vie. Signe distinctif: il porte un éternel imper odeur cinabre (sulfure de mercure naturel HgS) et un nom à coucher dehors: Gusse Oualzerre. Oil privé, détective manqué, héros d’un premier roman qui risque de ne pas être le dernier si l’on se fie au titre que son auteur, Daniel Da, lui a donné.

Les Aventures hallucinantes de Gusse Oualzerre 1: L’Oeil privé

de Daniel Da

Il est puceau par conviction, philosophe à ses heures, atteint de la maladie de Crohn (du nom du médecin américain qui a découvert cette affection de l’intestin grêle), mais déterminé à réussir sa vie. Signe distinctif: il porte un éternel imper odeur cinabre (sulfure de mercure naturel HgS) et un nom à coucher dehors: Gusse Oualzerre. Oil privé, détective manqué, héros d’un premier roman qui risque de ne pas être le dernier si l’on se fie au titre que son auteur, Daniel Da, lui a donné.
Une première aventure qui commence sur les chapeaux de roues, par un courriel adressé à Oualzerre. Un homme, qui se fait appeler général, l’invite à venir le rencontrer dans sa demeure. La mission qu’il veut lui confier: retrouver sa petite-fille Mathilda, victime d’un enlèvement. Pour une première mission, Oualzerre sera servi. À peine sorti de chez lui, les
emmerdes se multiplieront, les embrouilles iront bon train, à tel point qu’on en perdra son latin et le fil de l’histoire, et que Oualzerre lui-même ne saura plus, en cours de route, quel était le but premier de son enquête.
Dans cet univers cauchemardesque, chaque individu cache une autre identité; les noms se révèlent tous faux; les policiers semblent de mèche avec la racaille; le moindre passant, le moindre voisin de lit d’hôpital, le moindre commerçant est un figurant jouant vaillamment son rôle. On se croirait dans un Truman Show orchestré par un héroïnomane victime d’une
overdose, avec hallucinations à la clé, délire et inévitable réveil brutal à l’hôpital (il y en a d’ailleurs plusieurs).
Bref: on se perd dans cette histoire de fous, tout autant que Oualzerre, lequel aura tout de même rencontré, en cours de route, dans un sex-shop, Amanda, la femme de sa vie et celle qui fera de lui un homme. Et aura fini par comprendre qu’il se retrouve en fait au centre d’un vaste complot visant à faire de la population des accros à l’héro…
Qui estDaniel Da, l’auteur de ce faux polar hallucinatoire? Un bref coup d’oeil au curriculum résumé sur le communiqué de presse nous apprend qu’il aurait étudié «à Ottawa, au Tchébec et même en Fronce», que son livre préféré est le dictionnaire (ce qui ne surprendra guère ses lecteurs), qu’il a «dirigé une maison de disques pendant un tas d’années» et qu’aujourd’hui, il écrit «des choses qui font se bidonner» dans le style «rococo maniéré». Une jolie trouvaille pour décrire cette plume extraordinairement bavarde, qui passe du Je au Il sans crier gare, et qui donne à tous les protagonistes, sans exception, le même niveau de langage: un milliard d’épithètes et de métaphores allant de loufoques à débiles, une
manie de systématiquement contourner le mot juste, et une propension à sombrer dans le jeu de mots facile et les descriptions aussi minutieuses qu’oiseuses.
Quant à savoir si l’on se bidonne, en lisant les aventures de Gusse Oualzerre, cela dépend des goûts et des couleurs. Si vous appréciez le genre d’humour qui appelle une escouade de flics une «brochette de poulets», un hamburger, un «McVomi», si vous vous esclaffez en lisant des phrases comme celle-ci (un exemple parmi des centaines d’autres): «un
horrible mal de bloc me souhaita la bienvenue dès mon entrée sur la sellette du conscient», alors vous ferez un bon client pour Gusse Oualzerre. Sinon, autant vous abstenir.
Éd. L’Effet pourpre, 2000, 272 p.