Rentrée québécoise : Nos choix
Livres

Rentrée québécoise : Nos choix

Un dimanche à la piscine à Kigali, J’écris comme je vis, Valium, Femmes: idées et débats.

Un dimanche à la piscine à Kigali, de Gil Courtemanche

Ce sera un premier roman pour le journaliste et essayiste Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine à Kigali. Connu surtout pour ses ouvrages à caractère social et au ton pamphlétaire, Courtemanche fait le saut dans la fiction, après avoir écrit cinq essais, dont le plus récent, Nouvelles douces colères, était paru l’an dernier. Mais attention: ce premier roman se déroule au Rwanda, pays où a travaillé l’auteur à titre de journaliste, et témoigne de l’horreur qu’il a vue lors de son séjour. Ce sera peut-être l’occasion de comprendre que la fiction a un pouvoir, celui de mieux dire la vérité. (Octobre, Éd. du Boréal)

J’écris comme je vis, de Dany Laferrière
Dany Laferrière aime raconter des histoires, son histoire (il publiait cette année le dernier tome de son "Autobiographie américaine"); mais que connaît-on de sa vision de l’écriture, du métier, et de ce que la littérature représente dans sa vie? Derrière l’image qu’il donne de l’homme rigolo, toujours à blaguer en entrevue, se cache également un érudit, qui a compris que le savoir effraie, surtout à la télé, où il a travaillé pendant un certain temps. Il fera bon découvrir cet écrivain sous un autre angle, dans ce livre d’entretiens réalisés avec le journaliste Bernard Magnier, et coédité avec l’éditeur français La Passe du vent. (Novembre, Lanctôt éd.)

Valium, de Christian Mistral
Un nouveau roman de Christian Mistral, c’est probablement ce que l’on attendait le moins cet automne! Malgré ses frasques tristement célèbres, un personnage pas toujours facile, Mistral reste un écrivain qui a commis de très bons romans, Vamp et Vautour, dans lesquels s’est reconnue une certaine jeunesse québécoise. On ne peut qu’espérer que l’homme ait retrouvé l’écrivain, dans ce Valium, qu’on décrit comme la suite des deux premiers, qui parlera, paraît-il, d’amour et de littérature. (Novembre, Éd. XYZ)

Femmes: idées et débats
Plusieurs essais portant sur les femmes annoncent des réflexions passionnantes: parmi eux figurent les ouvrages de Madeleine Gagnon, Les Femmes et la Guerre (septembre, Vlb) et de Roland Viau, Femmes de personne (septembre, Boréal). Le premier décrit la vie de femmes rencontrées dans plusieurs pays en guerre par Gagnon et sa collègue, Monique Durand, réalisatrice radio. L’objet de ce livre est également le matériau d’une série radiophonique que l’on pourra entendre les dimanches à 13 h 30, du 3 septembre au 5 novembre, sur les ondes de la Chaîne culturelle de Radio-Canada. Quant au livre de Viau, il s’agit de la remise en question par l’auteur d’une idée reçue voulant que l’Iroquoisie fut un "paradis" pour les femmes. Enquête ethnohistorique à l’appui, l’auteur (Prix du Gouverneur général de l’essai en 1997) propose une analyse de la société iroquoise, des rapports entre les sexes, du pouvoir. Sujet controversé s’il en est: Pourquoi et comment en finir avec la féminisation linguistique (octobre, Boréal), est un ouvrage à saveur pamphlétaire dans lequel Louise Larivière suggére des solutions à ces problèmes de grammaire qui en irritent plusieurs.

Histoire canadienne, histoire québécoise
On aura le choix cet automne, puisque plusieurs ouvrages paraîtront sur ce sujet qui passionne tant les Québécois. Parmi eux, Une histoire populaire du Canada se veut le pendant littéraire d’une série télévisée, produite par Radio-Canada, qui sera diffusée cet automne; on décrit surtout ce livre comme un "album" qui donne la vedette à l’iconographie et au récit. Il s’agira d’un premier tome, écrit par Don Gilom et Pierre Turgeon. C’est à une réflexion certainement plus critique que nous convie Yvan Lamonde, si l’on tient compte de ses précédentes publications. Chercheur et professeur (à l’Université McGill), Yvan Lamonde réalise un véritable travail de défricheur, puisqu’il fait connaître au grand public (enfin, on le souhaite ardemment) l’histoire de notre vie intellectuelle. C’est peut-être une surprise pour certains, mais le Canada et le Québec ont eu leurs penseurs, leurs polémistes, leurs clercs, et c’est ce que nous découvrirons dans ce premier tome, Un goût de clairière, 1760-1896. L’ouvrage se veut une synthèse de l’histoire intlellectuelle du Québec, mettant en parallèle les mouvements d’idées et l’apparition des institutions culturelles de l’époque. Enfin, Le Roman colonial, de Daniel Poliquin, se veut un essai à la forme "romanesque", qui confronte deux personnages représentant deux côtés du Canadien français. Une réflexion sur le nationalisme et son histoire, qui se veut un tantinet provocatrice. Tant mieux. (Les deux premiers ouvrages sortent respectivement en octobre et en septembre, chez Fides, et le troisième, au Boréal.)