Ariane Gardel : Le Poids de la neige
Livres

Ariane Gardel : Le Poids de la neige

Ariane Gardel figure parmi la relève du roman français, elle qui, à vingt-neuf ans, explore la veine autobiographique, comme bien d’autres de ses collègues. Avec son premier livre, On ne parle jamais de Dieu à la maison, Gardel évoquait la mort de sa mère, et ce thème est toujours présent dans Le Poids de la neige.

Ariane Gardel

figure parmi la relève du roman français, elle qui, à vingt-neuf ans, explore la veine autobiographique, comme bien d’autres de ses collègues. Avec son premier livre, On ne parle jamais de Dieu à la maison, Gardel évoquait la mort de sa mère, et ce thème est toujours présent dans Le Poids de la neige.

Anne Monier est enceinte, et se retrouve coincée dans une chambre d’hôpital, alors qu’elle se rendait à un examen de routine. Dehors, la neige tombe et l’on décide de la garder une nuit, le temps de trouver le personnel suffisant, et de se réorganiser.

Dans sa bulle, la jeune femme s’isole, pense à sa vie, à son passé, à sa jeunesse, à son enfance, à sa mère. Car, comme elle, Anne se retrouve dans la froideur d’une chambre anonyme, aux meubles ternes, à l’ambiance morne. "Ton lit est encadré de barres de fer. Il y a un fauteuil près de la fenêtre, une penderie. En face du lit, une télévision est fixée au mur, la télécommande est posée sur la table à roulettes, blanche en Formica, à côté, une carafe, capuchonnée d’un verre en Pyrex. À droite de la tête du lit, un téléphone. À gauche une poire de couleur crème, la clochette à poussoir." Anne se rappelle sa maman, sa maladie, et sa propre peine de ne pouvoir rien faire pour lui épargner le mal.

Isolée du reste du monde, par ses rêveries et, encore plus, par ce climat qui force le ralentissement de chacun, l’héroïne prend le temps: de laisser monter en elle les souvenirs, mais aussi de méditer, de contempler une vie passée, toutes les grandes étapes de sa vie. La mort de sa mère prend bien sûr une grande place, mais aussi ses premières amours, ses ruptures, ses retrouvailles avec son père, la découverte de sa sexualité, du plaisir, de la souffrance.

Dans une écriture simple, concrète, Gardel rend bien la manière, fugace, par laquelle surgissent les réminiscences. Un regard, une sensation, et reviennent à la mémoire ces moments de la vie qui marquent pour toujours. Pendant son court séjour passeront François, l’infirmier, le docteur Martial, Javel, le préposé au ménage qui lui fait la conversation: mais aucun n’interrompra le fil du souvenir qui se déroule dans la tête d’Anne.

Alors que tout cela pourrait paraître grave et sérieux, une certaine légèreté flotte sur le roman et dédramatise le récit. Une dispute d’amoureux, quelques portes qui claquent, et le tout perd en tension ce qu’il gagne en poésie. À cheval entre une narration froide, et un ton fantasque, Ariane Gardel donne hâte de lire un prochain roman.

Éd. de l’Olivier, 2000, 109 p.