Frédéric Lapierre : Le Banc
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Frédéric Lapierre : Le Banc

"Ah m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi…" La chanson de Renaud m’a trotté dans la tête pendant que je lisais Le Banc, le premier recueil de nouvelles de Frédéric Lapierre.

"Ah m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi…" La chanson de Renaud m’a trotté dans la tête pendant que je lisais Le Banc, le premier recueil de nouvelles de Frédéric Lapierre. Comme dans la chanson, ce banc-là se veut un lieu de répit, mais aussi de réminiscences ou d’attente. L’occasion d’écouter les souvenirs comme les appétits du coeur.

Le jeune auteur, qui fait déjà parler de lui comme cinéaste – son plus récent court métrage, Romain et Juliette, ouvrait le Festival du cinéma d’Abitibi-Témiscamingue, fin octobre -, nous donne à lire huit textes, huit petits univers aux tonalités bien distinctes, dont les personnages vivent tant bien que mal leurs amours ou peines d’amour. Dans La Rivière, par exemple, un garçon passe par toute la gamme des émotions. Au terme d’un coup de foudre qui a duré deux ans, il voit sa blonde partir pour l’Australie, sans donner trop de détails sur son itinéraire. Longtemps après, elle reviendra cogner à sa porte, prête à tout recommencer. Prête à avoir un enfant, même. Dès lors, le bonheur paraît palpable, mais les mouvements de leur amour n’ont pas fini d’évoquer le yo-yo. Si l’écrivain en herbe raconte une histoire cent fois racontée, il parvient, par la qualité de sa langue et l’habileté de son découpage temporel, à en faire une histoire neuve, à laquelle on croit.

C’est plus loin, avec Triptyque du métro, que Frédéric Lapierre montre tout son savoir-faire. Cette histoire en trois temps et autant de narrateurs raconte la croisée des chemins de trois êtres touchés par le même drame, qui pourtant ne se connaissent pas. La veille, Daniel s’est jeté devant le métro. Daniel, c’était l’ami de l’un, le fils de l’autre, l’amant de la troisième. Dans un étonnant concours de circonstances, les destinées de ces trois-là vont se lier, comme si Daniel avait orienté leurs pas les uns vers les autres.

Plus loin, on goûtera la chute infiniment émouvante de Voyage à la mère, un texte où des enfants roulent, à dos de tricycle, vers une rencontre inusitée. C’est bien celle qui leur a donné la vie qui les attend au bout du chemin, mais pas tout à fait sous la forme que l’on avait imaginée.

Frédéric Lapierre dit avoir écrit ces nouvelles sur une longue période de temps. C’est tout à fait perceptible, tant sur le plan des constructions littéraires que de la langue. En d’autres mots, tous les textes ne sont pas aussi achevés que les trois ci-haut mentionnés, mais Le Banc marque l’entrée en matière convaincante d’un nouvelliste qui n’a pas encore soufflé 26 chandelles.

Éd. Varia, 2000, 134 p.

Le Banc
Le Banc
Frédéric Lapierre, Marie Clark