Le Français au Québec, 400 ans d'histoire et de vie : États généraux sur la langue
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Le Français au Québec, 400 ans d’histoire et de vie : États généraux sur la langue

Les études sérieuses sur la situation du français au Québec sont plutôt rares; il paraît bien difficile de discuter de la chose sans verser aussitôt dans la polémique et le pamphlet: Le Français au Québec, 400 ans d’histoire et de vie vient donc combler un grand vide.

Publié sous la direction de Michel Plourde, l’ouvrage a des visées encyclopédiques; on y touche vraiment à tout, des origines du français tel qu’on le parle par ici jusqu’aux perspectives d’avenir de cette langue. On a confié la rédaction des multiples sections de l’ouvrage à plus de 80 collaborateurs: la diversité de points de vue est généralement gage d’objectivité. Et pour une fois, on a eu l’heureuse idée de mettre à contribution plusieurs linguistes. On ne fait pas assez souvent appel à ces scientifiques de la langue. Nul ne songerait, par exemple, à s’en remettre à des fleuristes plutôt qu’à des botanistes pour analyser l’état de la forêt boréale, ou à demander à des juges d’exposition féline plutôt qu’à des vétérinaires une étude sur la santé des chats. Pourtant, on discute souvent des phénomènes langagiers sans profiter de l’expertise des linguistes.

Le Français au Québec se penche d’une part sur la langue comme telle, en déterminant quelles sont les origines du français québécois. On y souligne entre autres les apports des "patois" de Normandie et du Poitou, des régions d’où provenaient un grand nombre des premiers colons de la Nouvelle-France. Mais l’essentiel du livre est d’autre part constitué de la description des conditions dans lesquelles s’est exercée la pratique de la langue française depuis la Conquête jusqu’à nos jours.

Ainsi y découvre-t-on que c’est dans la deuxième moitié du XXe siècle, et sous l’influence du clergé, qu’est apparue cette idée selon laquelle le destin de notre société est directement lié à celui du français: qu’il faut absolument préserver notre langue (et notre foi, ajoutait-on à l’époque) si l’on veut survivre en tant que peuple. Langue française et catholicisme sont longtemps allés intimement de pair par chez nous. Ce qui explique sans doute en partie le fait que, maintenant que personne ou à peu près ne va plus à la messe, la langue nationale occupe désormais, dans l’imaginaire de notre société, une position semblable à celle d’une religion d’État. On a troqué la Bible contre le dictionnaire.

Une bonne moitié de l’ouvrage est consacrée à l’analyse de la situation de la langue française depuis les années 1960. Ce qui permet de mettre un peu d’ordre dans la succession de lois linguistiques qui ont été adoptées depuis les 40 dernières années.

Ponctué de nombreuses données factuelles, Le Français au Québec est une mine de renseignements sur l’évolution de la situation du français au Québec. Et il faut souligner que l’ouvrage est superbement illustré, ce qui en rend la consultation fort agréable. De la superbe ouvrage!

Le Français au Québec
400 ans d’histoire et de vie
par le Conseil de la langue française
dir. Michel Plourde
coll. Hélène Duval et Pierre Georgeault
Éditions Fides / Les Publications du Québec
2000, 516 pages