Micheline La France : Le Don d'Auguste
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Micheline La France : Le Don d’Auguste

Dans Le Visage d’Antoine Rivière (1994) de Micheline La France,Marc Léger racontait l’histoire de son ami Rivière, dont le passé recelait quelques énigmes. Romancier mais également détective (son gagne-pain), Léger partait à la recherche d’un mystère. Il en fait tout autant dans ce quatrième roman, Le Don d’Auguste.

Dans Le Visage d’Antoine Rivière, que publiait en 1994 Micheline La France (et qui reçut de bonnes critiques), Marc Léger racontait l’histoire de son ami Rivière, dont le passé recelait quelques énigmes. Romancier mais également détective (son gagne-pain), Léger partait à la recherche d’un mystère. Il en fait tout autant dans ce quatrième roman, Le Don d’Auguste. C’est Camille Veille, une jeune femme de 17 ans, qui le charge de trouver l’assassin de sa mère, Florence, trouvée morte dans une chambre d’hôtel. Léger rencontre le père, Nicolas, pose toutes les questions de circonstance, mais sent que quelque chose lui échappe.

À cette histoire se greffe celle d’Étienne Gaucher, prof de littérature marginal, ami de Léger. Ancien prisonnier, Gaucher partage sa passion avec les jeunes qu’il rencontre dans le petit café qu’il possède désormais, Le Virgile.

Marc Léger, narrateur, tangue entre tous ces personnages pour essayer de connaître la vérité. Qui était vraiment Florence? Que cachait-elle? Qui est cet Auguste qui signe ces lettres provenant de tous les coins du monde que l’on retrouve dans les affaires de Florence?

Micheline La France a une imagination fertile, et un sens du rebondissement indéniable. De plus, le roman tisse un réseau de correspondances littéraires, renvoyant un auteur à un autre, un texte à un autre (Montaigne, Broch, et de nombreux autres), notamment dans les lettres d’Auguste, invitant le lecteur à une promenade dans le monde de la littérature (lui rappelant quelques vagues souvenirs scolaires!).

Mais l’origine du mystère de Florence est tout ce qu’il y a de plus terre à terre et de cru, et sa révélation confère au roman un sens plus réaliste que poétique. Difficile en fait de parler de ce roman sans dévoiler trop de choses.

Le Don d’Auguste est un roman hybride, qu’il est peu aisé de catégoriser, mais dans lequel La France distille des réflexions singulières et touchantes sur la littérature, la solitude, la mort ("Ce qui bouge encore et se déploie d’elle [Florence], en nous, est trop précieux pour en faire du chagrin"). La construction du récit manque toutefois d’unité, et les longs dialogues (on imagine facilement la pièce de théâtre à tirer du roman) cassent la narration à laquelle on tente de s’attacher. Mais quelque chose pèse plus lourd que les défauts du livre: la voix très juste de l’écrivaine derrière la plume.

Éd. XYZ, 2000, 164 p.

Le Don d'Auguste
Le Don d’Auguste
Micheline La France