De ma lucarne : Henri Calet
Livres

De ma lucarne : Henri Calet

De ma lucarne , d’Henri Calet, inaugure une nouvelle collection chez Gallimard: "Les inédits de Doucet", qui puiseront dans le fonds de manuscrits de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet des ouvrages inédits portant les signatures d’écrivains français du XXe siècle.

De ma lucarne

, d’Henri Calet, inaugure une nouvelle collection chez Gallimard: "Les inédits de Doucet", qui puiseront dans le fonds de manuscrits de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet des ouvrages inédits portant les signatures d’écrivains français du XXe siècle.

Né en 1904, mort en 1956, Henri Calet fait partie de ceux qu’on pourrait appeler les "petits maîtres" du Paris littéraire de l’entre-deux-guerres. Encore trop peu connu, Calet est pourtant à la prose ce que Prévert est à la poésie: il suffit généralement de lire quelques lignes pour devenir un de ses inconditionnels.

De ma lucarne n’est pas le plus grand livre de Calet (il faut découvrir cet auteur en lisant Le Tout sur le tout, Les Grandes Largeurs ou La Belle Lurette). L’ouvrage est un recueil de chroniques rédigées dans les dernières années de la vie de Calet et dans lesquelles l’écrivain décrit un Paris en train de se relever de la Seconde Guerre mondiale.

L’auteur y musarde dans des petits musées, marche par moments sur les pas des touristes qui envahissent la ville. Il revisite des rues qui ont été le décor de sa jeunesse, comme cette butte Montmartre où il allait jadis fêter avec des copains. "Cela ne m’amusait guère de regarder danser mes camarades avec des dactylos qu’ils ne connaissaient pas une heure auparavant. J’avais grand tort de compter alors pour séduire les demoiselles sur les seules vertus de la conversation et de l’esprit. Pourquoi ne m’y prenais-je pas avec les pieds, de la même façon que les autres? J’étais un jeune homme romantique que l’on ne remarquait pas."

Le Paris auquel s’identifie Henri Calet est celui des petites gens, le Paris prolo, celui du Front populaire. Aussi, quand il entreprend d’explorer les beaux quartiers où il n’avait encore jamais osé pénétrer, Calet a "l’impression d’être en reconnaissance derrière les lignes adverses et que le premier venu eût pu me démasquer (en vérité, je ne me sens nulle part tout à fait chez moi). À chaque étage, des bonnes lavaient la vaisselle dans leurs cuisines, ce qui ajoutait encore à l’étrangeté des lieux; chez nous, ce sont nos épouses qui nettoient la vaisselle de leurs mains".

Le charme des pages d’Henri Calet tient essentiellement à ce ton tout de tendresse et de nostalgie. On les lit de la même manière qu’on écoute des chansons d’Édith Piaf et de vieux airs de Léo Ferré, ou en pensant à des photos de Robert Doineau.

Suivies de notices et d’une postface fort éclairantes (qui semblent annoncer une des particularités de cette nouvelle collection), les chroniques d’Henri Calet réunies dans De ma lucarne proposent une agréable promenade dans un Paris qui n’existe plus que dans les souvenirs du siècle passé.

Éd. Gallimard, coll. "Les inédits de Doucet", 2000, 320 p.

De ma lucarne
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Henri Calet