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Speed dating

Dans L'Âge des ténèbres, qui prend l'affiche le 7 décembre, Chantal Lacroix, l'animatrice qui sème le bonheur autour d'elle à TQS, interprète l'hôtesse d'une soirée de speed dating où le personnage de Marc Labrèche rencontre une jolie damoiselle nostalgique du Moyen Âge (Macha Grenon).

Si je vous parle de cette scène, c'est que lundi midi, elle m'est revenue à l'esprit alors que je prenais part au junket de L'Âge des ténèbres. Dès que l'attachée de presse m'a présentée à Marc Labrèche en me signifiant que je n'aurais droit qu'à 20 minutes en sa compagnie, j'ai alors dit à la star du Cœur a ses raisons que j'avais l'impression d'être dans une séance de speed dating.

Diplomate, il m'a laissé entendre que lui non plus ne comprenait pas pourquoi l'on pressait l'équipe du film à rencontrer toute la presse en une journée. Habituée à faire des entrevues de 10 minutes lors des festivals, je trouve parfois que 20 minutes suffisent amplement à ramasser de la matière pour l'article à publier – surtout lorsqu'il s'agit d'un texte de 500 mots ou d'une entrevue téléphonique au cours de laquelle on se fait interrompre par une attachée de presse qui fait le décompte.

Toutefois, lorsqu'il s'agit d'une personne qui ne se contente pas de repasser sa cassette, qui prend la peine de réfléchir avant de répondre, comme c'est le cas avec Marc Labrèche, c'est très frustrant. À peine a-t-on le temps d'établir un climat de confiance, d'entrer dans le vif du sujet… bang, au suivant! Et au diable les autres questions que l'on brûlait de poser.

Vous me direz qu'il fallait les demander avant, ces questions, mais en entrevue, comme dans toute conversation, il faut parfois laisser aller les choses, car c'est souvent dans ces moments d'abandon que l'on révèle des propos plus intéressants. Combien de fois après une brève entrevue réalisée pendant un festival me suis-je rendu compte que malgré le fait que mes questions n'étaient pas les mêmes que dans le dossier de presse, l'acteur ou le réalisateur m'avait répondu, parfois à la virgule près, la même salade?

Personne ne peut se réinventer d'une entrevue à l'autre (pas plus l'intervieweur que l'interviewé), mais lors de rencontres mécaniquement orchestrées, comment donc ne pas tomber dans les formulations maintes fois répétées?

Dans le cas qui m'intéresse, il ne s'agissait pas d'un court texte, mais bien d'un texte de couverture (que vous pouvez déjà lire sur le site de Voir Gatineau). Qu'est-ce que j'aurais aimé que l'entrevue commence à l'heure pour avoir mes 30 minutes de gloire… Il paraît que je ne suis pas la seule dans ce cas; une journaliste d'un grand quotidien n'a eu droit qu'à 20 minutes également.

Aurions-nous donc dû demander, à l'instar d'un confrère d'un autre grand quotidien, une entrevue avant cette fameuse journée de presse. J'aurais pu passer deux heures en compagnie de Labrèche et ainsi aller au fond des choses. Pas pour le plaisir de me vanter d'avoir placoter aussi longtemps avec l'homme qui annonçait la fin du monde à 7 heures, mais pour vous donner autre chose à lire, chers lecteurs.