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TIFF 2008 : Le Roi Mickey

Je n'ai jamais rêvé d'être Pretty Elizabeth ou Chyna. Randy « Macho Man » Savage et Hulk Hogan n'ont jamais figuré sur mon interminable liste de maris. Bref, j'ai toujours haï la lutte. Pensez-vous que l'idée d'aller voir le drame d'un lutteur has-been interprété par Mickey Rourke me tentait vraiment? Si!

J'ai même abandonné Gael pour ça! (Ça lui apprendra d'arriver en retard!) Évidemment, le film était précédé d'une rumeur favorable : il a raflé le Lion d'Or à la Mostra. Lion ou pas, c'est le fait que The Wrestler est un film de Darren Aronofksy, dont le délire esthétisant et pompeux qu'est The Fountain m'avait plutôt ennuyée mais dont le percutant Requiem for a Dream m'avait littéralement jetée par terre, qui m'a poussée à courir vers le Manulife Center.

Au départ, j'ai eu de la difficulté à m'intéresser à ce lutteur devenu trop vieux et trop malade pour poursuivre sa misérable carrière – certaines scènes de lutte sont éprouvantes. Cependant, plus le film avançait, plus je me laissais gagner par le jeu bouleversant de Mickey Rourke, qui fut si beau à une certaine époque et qui livre ici sans pudeur son visage ravagé et son corps massif mais fatigué.

Sans verser dans le pathos, le scénario de Robert Siegel raconte avec grande sensibilité les difficultés de cet homme qui tente de se lier d'amitié avec une strip-teaseuse (Marisa Tomei) et de renouer avec sa fille (Evan Rachel Wood). Pour sa part, Aronofsky signe une mise en scène très efficace mais discrète, presque naturaliste, laquelle donne la part belle aux acteurs.

Quel dommage qu'à la Mostra le règlement empêche le jury de décerner un prix d'interprétation au film ayant remporté le Lion d'Or, comme le dénonçait le président du jury Wim Wenders, car si The Wrestler méritait un prix, c'était bien celui de l'interprétation masculine.