BloguesCinémaniaque

FNC: La vie d’artiste

 

En ce lundi d'Action de grâces, à 15 h, au Cinéma Impérial,
l'actrice française Yolande Moreau présentera Séraphine, lequel raconte
la vie de la peintre naïve Séraphine de Senlis, qu'elle incarne divinement. Au dire de son
réalisateur, ce film aurait été touché par la grâce car il a eu l'impression que
cette artiste méconnue les avait accompagnés durant le tournage.
Rencontré au Festival de Toronto, voici ce que Martin Provost m'a confié sur cette
femme au destin malheureux:

«Je
me suis posé beaucoup de questions sur ce que je voulais montrer. J'ai
essayé de ne pas asséner un message, de dire: "regardez cette pauvre
femme!" Pour moi, Séraphine n'est pas une pauvre femme, c'est une femme
qui s'est accomplie, qui a accompli une oeuvre. C'est énorme pour
l'époque! C'est d'un courage! Elle est un exemple pour tellement de
femmes. 

Je me suis toujours posé la question à savoir si elle était
vraiment folle. Est-ce qu'elle avait vraiment le choix en 1932? À
l'époque, il n'y avait pas de retraite, elle n'avait pas d'enfants –
alors qu'on en faisait dix dans l'espoir que certains survivent pour
assurer ses vieux jours -, Séraphine n'avait rien! Il y a de quoi
devenir fou. Je la comprends et je suis avec elle.

J'ai eu des
périodes dans ma vie d'artiste – le terme paraît prétentieux, mais
j'aime bien me le dire – où j'ai traversé des déserts. Il y a des
moments où je me demandais ce que j'allais devenir, j'avais envie de
mourir. Je crois que dans toute vie d'artiste digne, il y a ça. Et en
1932, mon Dieu, qu'est-ce que ça devait être? La folie, c'est un
refuge…Séraphine n'avait pas le choix ou plutôt, elle n'avait que
choisir entre l'asile ou l'hospice. Je ne sais pas la vérité et je n'ai pas
envie de donner de réponses.»

En reprise le dimanche 19 octobre, à 12 h 30, à la salle Cassavetes.