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TIFF 2009 : C’est moi ou…

C'est plus tranquille que d'habitude dans la Ville-Reine? Tout à l'heure, en sortant de l'Hôtel Intercontinental, après mon troisième junket de la journée, ma consoeur du ICI Natalia Wysocka et moi trouvions que l'atmosphère était moins fébrile en ce deuxième jour de festival. À preuve, on retrouve beaucoup moins de badauds attendant les stars devant les hôtels de luxe; même dans les halls de ces hôtels plusieurs journalistes semblent manquer à l'appel.

Et pourtant, c'est le premier week-end, donc, le plus mouvementé. Qu'est-que ce sera le week-end prochain alors que la majorité de la presse aura déjà quitté les lieux? Même le vent de controverse à propos de l'hommage à Tel-Aviv dont tout le monde parle ne s'est révélé qu'une brise. De fait, en fin de matinée, au coin de Bloor et Bay, soit devant le Manulife Center où sont projetés plusieurs films du festival, il n'y avait que trois personnes portant sagement le drapeau israélien.

Ce n'est sûrement pas parce que les « beautiful people » ne sont pas au rendez-vous… Je ne compte plus le nombre de gens qui m'ont dit : « Hey, did you know that Oprah was in town? » Ben oui, la reine des États-Unis est ici à titre de productrice du film Precious de Lee Daniels, que je n'ai malheureusement pas vu et que l'on dit très touchant. Ce matin, au junket du plus que charmant film An Education de Lone Scherfig, des confrères de Toronto m'ont même dit que Mariah Carey y était bonne. Faut le faire après sa piètre performance dans Glitter!

Il y a aussi mon mari George Clooney qui est ici, mais il n'accorde pas d'entrevues, se contentant de paraître sur le tapis rouge et aux conférences de presse. Je l'ai donc trompé avec Willem Dafoe! Et demain, je dois en remettre avec Colin Farrell! Je le tromperais bien avec Michael Caine et André Dussolier, mais n'étant pas à la recherche d'un second père, je vais passer mon tour…

Serait-ce que la récession frappe plus fort à Toronto qu'au Festival de Cannes? Les Torontois en auraient-ils subitement marre de leur festival? Ça m'étonnerait, car contrairement aux Cannois, ceux-ci peuvent s'acheter des billets et non se contenter de rêver devant les tapis rouges en espérant qu'un billet pour une première tombe du ciel. D'ailleurs, si vous aviez vu la file devant le Ryerson où j'ai assisté à la présentation publique, vous auriez eu comme moi l'impression qu'on avait vendu plus de billets ( lesquels coûtent plus de 20$!!!) qu'il y a de places dans la salle.

Parlant de présentations publiques, j'aime bien y assister, car ça me change des projections réservées à la presse et aux gens de l'industrie où se font souvent entendre des sonneries de portables. Par ailleurs, ce qui est bien des projections publiques, c'est que l'équipe du film reste après la projection pour répondre aux questions.

Cela dit, c'est lors d'une projection de presse que j'ai pu voir le film d'ouverture, Creation de Ron Howard, oups!, je veux dire de Jon Amiel. « Si j'avais su, j'aurais pas venu! », comme disait l'autre. « Les films d'ouverture à Toronto sont souvent plates », m'a rappelé en riant Roland Smith du Cinéma du Parc, croisé ce matin sur Bay. (La veille sur Gerrard, j'ai aussi croisé Michael Ondaatje et Danny Boyle, mais je n'ai pas osé les aborder…)

C'était si ennuyant, si pompeux, si mélo et la musique si assommante que plusieurs ont pris leurs jambes à leur cou bien avant la fin de ce biopic sur le naturaliste anglais Charles Darwin, interprété par Paul Bettany, plus maniéré qu'habité, au moment de terminer L'Origine des espèces. Dans le rôle de sa femme croyante et pratiquante, Jennifer Connely apporte quelques moments de grâce. J'ai survécu jusqu'à la fin en me demandant si le réalisateur avait tenté de mettre à l'épreuve la théorie de la sélection naturelle en confrontant les spectateurs avec ce film dont le lyrisme lourd écrase les propos pourtant intéressants qu'il expose.

Heureusement, le soir même, j'ai pu faire un joli voyage dans le temps, quatre mois avant le lancement du premier disque des Beatles pour être exacte, en compagnie de la ravissante Carey Mulligan, dont la fraîcheur et l'élégance m'ont rappelé Audrey Hepburn et Anna Karina, dans An Education. Celle que certains voient déjà remporter un Oscar interprète une fille de 16 ans qui s'émancipe au contact d'un homme plus âgé qu'elle (Peter Sarsgaard, plus séduisant que jamais) qui lui fait découvrir les boîtes de nuit, alors que ses parents (Alfred Molina et Cara Seymour, très attachants) préféreraient qu'elle se concentre sur ses études afin d'entrer à l'université. Je vous en reparle plus tard…

Quant à l'atmosphère tristounette du festival, ça changera peut-être demain… mais sans doute pas grâce à The Road de John Hillcott.