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Cannes 2011 : la jeune fille et la mort

Evoquant à la fois Harold et Maude et Love Story, Restless de Gus Van Sant est une charmante, quoiqu'un peu mièvre, réflexion sur la mort où l'on suit l'amour naissant entre un orphelin (Henry Hopper, fils de Dennis) et une jeune fille atteinte d'un cancer du cerveau (Mia Wasikowka, Alice au pays des merveilles, Jane Eyre). Avec un tel sujet, il aurait été facile de sombrer dans le mélo, le pathos, or, Van Sant et le scénariste Jason Lew ne l'effleurent même pas. De fait, Restless s'avère un joli hymne à la vie où les talentueux Mia Wasichowska et Henry Hopper forment un couple des plus ravissants : « En lisant, le scénario, racontait la jeune actrice, elle m'est apparue vivante bien que près de la mort. J'ai eu beaucoup de plaisir à la jouer parce qu'elle sait apprécier les moments simples de la vie. »

La mort étant un sujet de prédilection chez Van Sant, il n'était pas surprenant de le retrouver à la barre de Restless. Or, lors de la conférence de presse, quelques journalistes ont fait remarquer quelques similarités avec le cinéma français : « C'est une fois le film terminé que je me suis rendu compte que c'était un hommage au cinéma français ; durant le tournage, je ne le voyais pas » jure le cinéaste.

D'avouer le scénariste : « Je suis très influencé par le cinéma français ; pour moi, la Nouvelle Vague, c'est la célébration de la jeunesse. Toutefois, je n'avais pas de scènes ni de films précis en tête. D'ailleurs, c'était un choix de ne pas avoir de portable, car je voulais que le film soit inteporel. Je ne voyais pas mes personnages texter ou aller sur Facebook. Je voulais ainsi montrer leur singularité, leur individualité. »

« Si l'on compare Restless à Gerry, à Paranoid Park et à Last Days, c'est la caméra qui diffère. Dans les autres, j 'essayais de ne pas découper, à la manière de Bela Tarr. Dans Restless, les dialogues sont aussi plus classiques, ils font avancer le récit, quoique des fois, ils ont une fonction ludique. Gerry, Elephant et Last Days étaient à propos de faits divers, des interrogations sur ces morts. La question était de savoir si le cinéma pouvait enquêter là-dessus comme le journalisme. Restless n'est pas une exploration journalistique, c'est une histoire d'amour où l'on se pose des questions sur la mort  », conclut Gus Van Sant.