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Cinemania 2011 : Une vie meilleure de Cédric Kahn

Au Festival de Toronto, j’ai eu la chance de voir Une vie meilleure de Cédric Kahn, où Guillaume Canet incarne Yann, un cuisinier qui rêve d’ouvrir un resto avec sa nouvelle compagne Nadia, interprétée par Leïla Bekhti. Malheureusement, tout n’ira pas comme prévu et tandis que Yann tente d’éponger ses dettes, Nadia accepte d’aller travailler au Canada en lui confiant la garde de son fils.

En rencontrant le réalisateur et l’actrice au lendemain de la projection, je n’ai pu m’empêcher de leur dire que j’avais ressenti beaucoup de tristesse devant ce récit de deux jeunes ambitieux voyant leurs rêves leur éclater au visage. Haut taux de chômage, surendettement, difficile immersion des immigrants, c’est ça, la France de ceux qui se lèvent tôt?

«On ne peut pas tout mettre sur le dos de Sarkozy parce qu’on n’arrive pas dans une telle situation du jour au lendemain, m’a répondu Cédric Kahn. Je ne crois pas que les politiques sont responsables de tout, mais c’est sûr que Sarkozy, ça n’a pas arrangé les choses. En fait, tout l’Occident est en crise; je crois que tout ce que je raconte dans le film n’est pas propre à la France. Je n’ai pas voulu faire un film contre la France et Sarkozy, il est le représentant d’un système qui est un peu en train de s’essouffler et qui crée beaucoup d’injustice. »

Jeune actrice comblée de pouvoir exercer un métier qu’elle a choisi et qu’elle aime, Leïla Bekhti poursuit:  «Je ne veux pas tout généraliser, je n’ai pas envie de dire que tous les gens se battent et que ça ne sert à rien, car ils n’ont rien en retour. La plupart des mes amis cherchent un travail qui leur plaît, à la hauteur de leur diplôme et c’est très difficile. En Occident, c’est difficile de vivre normalement. Effectivement, ce film n’est pas une comédie, mais pour moi, c’est un film lucide et rempli d’espoir, et ça, ça m’a vraiment touchée. C’est beau se lever tôt, mais il y a des fois, on cherche avec la meilleure volonté du monde, mais ça ne marche pas. »

Et de conclure le réalisateur: «Le film part de ce constat-là. Ce que je ressens, c’est qu’il y a un manque d’espérance. Pour les gens qui démarrent leur vie, qui ont des difficultés, on leur donne peu de possibilité d’espérer une vie meilleure. Je trouve que le film sauve les personnages, car il y a d’autres possibilités qui s’offrent à eux, notamment l’amour, celui d’un homme pour une femme, d’un homme pour un enfant qui n’est pas le sien. Cet amour est pour moi le plus grand message d’espoir du film, cette capacité de créer un lien familial, filial alors que ce n’est pas un lien de sang. Pour moi, ça me donne un espoir terrible.»

À voir à l’Impérial, le mardi 8 novembre, à 9 h. Une vie meilleure prend l’affiche le 18 novembre.