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Fantasia 2012 : Sushi ou origami?

Vous aimez les récits d’apprentissage mettant en scène une jeune fille contre qui le sort s’acharne? Eh bien, ce dimanche vous serez servis puisque Fantasia vous propose deux films aux antipodes l’un de l’autre, l’un loufoque et déjanté, l’autre mélancolique et poétique, mettant tous deux en scène une héroïne peu ordinaire.

Dead Sushi de Noboru Iguchi (Japon)
Lasse de suivre les leçons de confection de sushi de son père sévère (Jiji Bû, vu dans Tokyo Gore Police de Yoshihiro Nishimura), Keiko (Rina Takeda, jeune étoile des arts martiaux) trouve un emploi dans une auberge où l’on ne respecte pas la tradition du sushi. Moquée par ses employeurs et les clients, Keiko n’est pas au bout de ses peines lorsqu’un savant fou (Kentarô Shimazu, aussi vu dans Tokyo Gore Police) transforme les sushi en dangereuses créatures mangeuses d’hommes. Réalisé par Noboru Iguchi (Robo-geisha, The Machine Girl, Sukeban Boy), cette comédie d’horreur déjantée à la prémisse plus que farfelue carbure aux effets spéciaux outranciers et aux situations loufoques. Les acteurs jouent avec tant d’emphase des personnages hystériques que la télésérie Le cœur a ses raisons semble avoir été réalisée par Bergman. Certes, on ne s’ennuie pas un instant durant ce feu roulant d’hilarantes et sanguinolentes scènes d’action où une jeune fille apprendra crûment comment se faire respecter dans une société où se concilient difficilement tradition et modernité.
Ce soir, à 19h10, au Théâtre Concordia Hall, en présence de l’actrice Rina Takeda, du réalisateur Noboru Iguchi, du compositeur Yasuhiko Fukuda et des producteurs Katsumi Otani et Mana Fukui.

Starry Starry Night de Tom Lin (Taïwan)
Évoquant The Taste of Tea de Katsuhito Ishii par sa manière onirique d’illustrer les tourments de l’enfance, Starry Starry Night de Tom Lin trace avec finesse et fantaisie le portrait d’une jeune fille de 13 ans (Xu Jiao, émouvante) dont la vie bascule au moment où le mariage de ses parents bat de l’aile et que la santé de son grand-père (Kenneth Tsang,vu dans The Killer de John Woo) chancelle. Tandis que l’adolescente est bouleversée de découvrir qu’il manque une pièce à son casse-tête représentant La nuit étoilée de Van Gogh, entre alors en scène un jeune garçon renfermé doué pour les arts (Hui Ming Lin, attachant) avec qui elle se liera d’amitié. Ponctué de moments féeriques, dont cette parade d’animaux géants en origami et ce train voyageant à travers le tableau de Van Gogh, ce poignant drame sur le deuil et l’abandon séduit autant par sa douce mélancolie que par sa poésie visuelle. Sans doute l’un des plus jolis films que vous aurez vus à Fantasia.
Ce soir, à 21h40, au Théâtre Concordia Hall.