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Cannes 2013 : Elle court, elle court, Chloé Robichaud

De passage à Cannes pour la quatrième fois, la jeune réalisatrice Chloé Robichaud présentera son premier long métrage, Sarah préfère la course, dans quelques heures à la salle Debussy. Celle qui s’est retrouvée l’an dernier à concourir pour la Palme d’or du court métrage avec Chef de meute pourrait bien mettre la main sur la Caméra d’or, dont le jury est présidé par Agnès Varda : « Ce que je trouve incroyable pour Sarah préfère la course, c’est qu’Agnès Varda va voir le film! Je n’arrête pas de me le répéter : pour moi, c’est énorme! », confiait peu avant son départ pour la Côte d’Azur Sophie Desmarais, qui tient le rôle de cette jeune coureuse ambitieuse.

« Je me sens full groupie à l’idée que Claire Denis, qui y présente Les salauds, puisse voir le film et qu’elle me trouve bonne, a poursuivi l’actrice. Ce serait incroyable. Je suis une cinéphile et Cannes, c’est un festival de cinéphiles, un festival de réalisateurs, malgré sa dimension people, qui ne m’intéresse tellement pas. De savoir que je vais voir des films en première, je trouve ça extraordinaire. »

Ce qui frappe lorsqu’on rencontre cette fille talentueuse de Cap-Rouge, c’est son calme, sa détermination et sa maturité. L’an dernier, alors qu’elle disait que le court était une excellente carte de visite pour un premier long métrage à Cannes, sans doute ne croyait-elle pas si bien dire.

« En fait, ce qui me fait rire, c’est que je m’étais fait un plan de carrière trop hot dans ma tête. Je me disais que j’allais faire des courts métrages et que j’irais à Cannes, puis que je ferais un long métrage et que j’irais à Cannes à la blague. Tout est arrivé, donc la vie fait bien les choses. Le court métrage est une école et je continue de croire que ce sera mon école pour la vie. Je n’ai pas envie de ne plus en faire parce que j’ai fait mon premier long », racontait la réalisatrice à quelques jours de son départ pour la Croisette.

Se retrouver si tôt dans sa carrière à Un certain regard, ça met de la pression ou ça donne des ailes? « Ça me donne des ailes. Ce que je retiens de ce que Thierry Frémaux a dit, c’est que je suis jeune et que j’ai tout l’avenir devant moi. Je ne mets pas la pression de me retrouver en compétition avec mon deuxième film. Si ça arrive, tant mieux et si ça arrive dans 15 ans, ça arrivera dans 15 ans. Ce qui importe pour moi, c’est de faire le meilleur film possible. Mon erreur serait de me mettre de la pression en visant la compétition pour mon deuxième long », poursuit Chloé Robichaud, qui souhaite terminer son deuxième long métrage pour 2015.

« Je suis allée à Locarno avec Denis Côté pour Curling et c’était formidable, se souvient Sophie Desmarais. C’est la première fois que je vais à un festival de l’envergure de Cannes. Je ne ressens pas vraiment de stress à l’idée d’y présenter deux films, mais de la joie et du bonheur. En fait, j’étais bien plus stressée à l’idée de me trouver une robe et des talons hauts, tous les trucs techniques, le logement que par la réception du film. Comme ce volet-là est réglé, je peux donc en profiter », se promettait celle qui incarne la fille de Gabriel Arcand dans Le démantèlement de Sébastien, présenté vendredi dernier à la Semaine la critique.

Lors de sa première montée des marches, l’année où il a présenté J’ai tué ma mère à la Quinzaine des réalisateurs, Xavier Dolan avait eu le plaisir et l’honneur de se faire souhaiter «bienvenue dans la famille » par Thierry Frémaux arrivé au bout du tapis rouge.

« Bien qu’il ne me l’ait pas dit de vive voix, j’ai quand même l’impression du fait qu’il ait pris mon court métrage en compétition officielle l’année dernière et qu’il ait sélectionné mon premier long à Un certain regard, qu’il m’ouvre les portes de Cannes d’une belle façon. En tout cas, je ne sais pas si je fais déjà partie de la famille, mais je pense que je suis une amie de la famille. Il y a d’autres festivals, c’est sûr, mais je vais tout de même viser Cannes pour mon deuxième film parce que ce festival m’a ouvert ses portes et a fait en sorte que j’ai la carrière que j’ai en ce moment », croit Chloé Robichaud.